Parapente – A quoi ressemble un examen de parapente?

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ParapenteÀ quoi ressemble un examen de parapente?

Être pilote de parapente se mérite. Les férus de ce sport doivent passer par plusieurs étapes pour valider leur formation et obtenir le droit de s’élancer dans les airs. Nous avons suivi leur examen pratique.

Rebecca Garcia
par
Rebecca Garcia
L’examen de parapente s’est déroulé mercredi dans les hauteurs de Torgon.

L’examen de parapente s’est déroulé mercredi dans les hauteurs de Torgon.

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Il est 8 h 30 à Vionnaz. Le ciel est relativement dégagé et le vent modéré. «C’est top comme conditions», lance un candidat avec bonne humeur. Dans une trentaine de minutes, cette même personne s’élancera de la montagne en parapente pour atterrir dans une cible. De quoi valider sa formation pratique de parapentiste et de lui permettre de voguer au gré du vent sans instructeur.

Pour y arriver, il faut déjà suivre le briefing. Greg et Claude mettent les candidats en cercle et se lancent dans leurs explications. Si un candidat veut abandonner l’examen, il peut le faire à tout moment. S’il veut contester, il en a aussi le droit. «Ça s’est déjà vu», lance Greg. Il insiste encore auprès de la petite dizaine de participants sur l’importance de se sentir bien. «Tout ce qu’on va vous demander, vous l’avez déjà fait. Vous savez le faire, alors restez calmes.»

L’examen de parapente n’est plus le même qu’il y a des années. «À l’époque, vous deviez maîtriser 7 figures mais l’on vous demandait toujours les 2 mêmes», explique un instructeur local venu aider en faisant la navette.

Désormais, les examinateurs décident selon les conditions météorologiques et le parcours. «Aujourd’hui, on va vous demander un 360° sur la droite ainsi qu’une oreille avec changement de direction», annonce Claude. Lui reste au sol tandis que son collègue monte avec les potentiels futurs diplômés pour vérifier le matériel et le décollage.
Chacun devra effectuer au minimum deux vols. Un troisième est prévu si les points sont insuffisants quelque part, pour que l’élève rattrape son erreur. Tous sont déjà presque habitués à la manœuvre, puisqu’il faut avoir effectué au moins 50 grands vols sur 5 sites différents pour s’inscrire à l’examen pratique.

Ce qu’il se passe en haut

«Elle n’a regardé sa voile à aucun moment. Jamais»

Greg Guhl, expert agréé par la Fédération suisse de vol libre à l’examen des parapentistes.

Greg surveille ses protégés du jour. Juste avant de se lancer dans le ciel valaisan, l’expert pose les questions importantes. «Quelle est ta ligne de décision? Et celle de vie?» L’une représente le moment où la personne doit décider si elle s’arrête ou non. L’autre représente le moment où c’est gentiment trop tard pour s’en sortir totalement indemne. «Ça reste un sport dangereux», admet l’instructeur de parapente. La Suisse s’est dotée de lois et d’une formation reconnue comme sérieuse, au contraire de spots connus comme Tenerife ou ceux d’Amérique du Sud.
C’est le moment pour une des candidates de s’élancer. «Vous pensez quoi de son décollage?» lance à la cantonade. Il n’attend pas vraiment la réponse: «elle n’a regardé sa voile à aucun moment. Jamais. C’est dommage parce qu’elle va sûrement réaliser un très beau vol, je la connais et sais qu’elle maîtrise. Mais là, je considère ça comme raté.»
Les candidats suivants respectent scrupuleusement les consignes, et rien de bien menaçant ne leur arrive au décollage. L’un ou l’autre part légèrement de travers, mais rien qui n’est synonyme d’élimination directe. Les experts le savent, le stress de l’examen pousse parfois à des bêtises inhabituelles. À eux de juger entre ce qui représente un danger ou non.

Et ce qu’il se passe en bas

Si certaines contraintes s’ajoutent aux directives, les deux experts du jour prônent avant tout le bon sens et la sécurité. «N’oubliez pas de regarder comment évolue le vent à tout moment. Ça ne sert à rien de se focaliser sur ce que vous voulez faire si vous voyez que ça ne le fait pas.»

Personne ce jour-là n’aura terminé sa course dans un lampadaire - chose qui s’est apparemment produite par le passé. «Ils ont tous été baptisés», lance Claude. Pour l’anecdote et montrer qu’il y a toujours pire ailleurs, il raconte l’histoire de cet élève qui s’est retrouvé coincé dans une grue pendant son examen.

Message radio: le candidat numéro 8 vient de décoller. L’expert présent en bas l’attend pour juger de la réalisation des figures et de la justesse de l’atterrissage.

Chacun a été averti: «si vous avez l’airbag qui frôle le sol, tant pis pour vous, c’est raté.» C’est plutôt viser la cible qui a posé des soucis aux candidats, qui ont terminé de 2 à 20 mètres au-delà des limites. «Caca», entend-on pendant ces fins de vol. «Comment tu aurais pu faire pour y arriver?» demande l’expert des atterrissages. Surpris par le vent ou trop optimiste sur le freinage, les élèves ont directement des explications sur ce qu’elles doivent mieux réussir pour leur troisième vol.

Ce troisième vol est indispensable pour valider son brevet. Pendant cette dernière chance, le stress peut l’emporter et la contraindre à revenir tenter sa chance une autre fois. Plusieurs des participants du jour avaient déjà subi l’examen, sans succès. C’est en larmes d’une des candidates termine la journée. Elle a enfin obtenu son brevet, et peut désormais goûter à la vie de parapentiste sans autre supervision.

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