ModeLes Suisses sont influencés au moment de leur achat en ligne
La FRC et Public Eye révèlent que 15 sites d’achat de vêtements en ligne utilisent des «dark patterns» pour pousser l’internaute à acheter plus et à divulguer ses données personnelles.

Le géant chinois Shein utilise 18 types de «dark patterns».
AFPLors de leurs achats de vêtements en ligne, les internautes suisses sont influencés et poussés à faire plus d’achats ainsi qu’à divulguer leurs données personnelles. C’est ce que révèle une enquête menée conjointement par la Fédération romande des consommateurs (FRC) et Public Eye dont les résultats ont été publiés ce mercredi.
Les deux associations se sont intéressées à l’usage des «dark patterns» sur les sites d’achat de vêtements en ligne. Les «dark patterns» sont «des pratiques qui visent à influencer voire à manipuler les internautes en modifiant leur espace de décision. Parmi elles, on trouve des fenêtres pop-up avec des codes de réduction à très court terme, l’ajout d’articles non sollicités dans le panier, des comptes qu’il est difficile voire impossible de supprimer en ligne ou encore le dépôt non consenti de cookies sur les smartphones, ordinateurs et tablettes.», expliquent-elles dans un communiqué de presse.
Leur enquête révèle qu’en Suisse, 15 grands sites de commerce en ligne spécialisés dans la mode ont recours «à des degrés variés» à 20 techniques de «dark patterns». «Le géant chinois de la mode ultra-éphémère Shein est le champion incontesté, avec 18 types différents identifiés, suivi d’Aliexpress (12), Amazon (9) et La Redoute (8)», révèlent les résultats.
Les deux associations relèvent que les enseignes ayant des chaînes de magasins physiques, à l’image de Manor, Zara et Globus, «semblent avoir moins recours à ces différentes pratiques manipulatoires». À noter que H&M fait exception car six catégories de «dark patterns» ont été découvertes sur son site.

La FRC et Public Eye déplorent que «les départements marketing exploitent le vide juridique qui prévaut dans le commerce en ligne en matière de protection des consommateurs». Pour Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la FRC, «les implications en termes de respect des choix individuels, de protection de la sphère privée et d’incitation à la surconsommation sont pourtant très inquiétantes».
Les deux associations «demandent aux plateformes concernées d’abandonner toute forme de manipulation dissimulée au sein de leurs interfaces» et appellent le Conseil fédéral et le parlement à «urgemment s’emparer de cette problématique afin de réguler une industrie qui va à l’encontre de tous les efforts pour promouvoir des modes de consommation plus responsables».