Le Roi mage des crèches, c’est Giovanni

En bois, en verre ou en métal, il y a des crèches de toutes les matières à Moutier, à l’exposition de l’association «Monde de la Crèche – Crèches du monde» animée par Giovanni Resta (75 ans). Parmi les 250 crèches présentées jusqu’au 16 janvier prochain, le retraité refuse de dégager une préférence: «Ne demandez pas à une mère de choisir un de ses enfants», se défend-t-il. Mais s’il ne le dit pas, celle que lui a offerte le pape François occupe une place particulière.

«Nativité – Vatican – Don du pape François, 2017», est-il indiqué sur une plaquette. Sauf que Giovanni Resta est fâché avec les dates: c’est en 2015 que cette crèche en pierre lui a été envoyée par le Saint-Père.

Six ans plus tard, c’est le 11 novembre dernier que son habit de membre des missions catholiques italiennes lui a permis de rencontrer le pape François et de lui remettre un album photos de l’édition 2019 de son exposition. Mais l’essentiel n’est pas dans les dates: «Ce qui compte, c’est la diversité des origines davantage que les époques», insiste l’organisateur.

Des crèches lui sont offertes ou prêtées en provenance des cinq continents. De quoi renouveler le stock, mais cette année, parmi les 60 nouvelles crèches, il y a en a une qui prend de la place. Beaucoup de place: 25 m² exactement, tout en Playmobil.

Avec sa famille, l’animateur pastoral Casimir Gabioud est venu d’Orsières avec sa famille pour quatre jours de montage à six. Le papa a commencé par une petite crèche posée il y a sept ans sur la table de la salle à manger, puis à la paroisse où la reconstitution de la Palestine selon les récits de la Bible a pris toujours plus de place.

Les Playmobil d’occasion, l’animateur les déniche en naviguant sur le web. Sa crèche XXL est en mouvement: l’Enfant Jésus apparaîtra le soir du 24 décembre et les Rois mages chemineront dans le décor jusqu’au 6 janvier. Casimir Gabioud l’a dit à la presse régionale: sa crèche redonne un sens à une célébration qui n’est pas toujours associée à une fête religieuse.

Cette quête éloignée du catéchisme plaît à Giovanni Resta. Son exposition, l’organisateur ne la veut pas spirituelle. «Ce n’est pas une catéchèse: catholique, protestant ou évangélique, chacun prend ici ce qui l’intéresse». Son credo: «Que chaque visiteur trouve ses racines en cette période emplie de solitude».

S’il est tant passionné par la Nativité, c’est parce que du côté de Lecce, quand il étant enfant, Giovanni modelait dans l’argile les figurines d’une crèche posée sur une branche de sapin. «Je suis passionné depuis l’enfance», confirme cet immigré italien arrivé en Suisse en 1967.

À Moutier, voyant ses voisins intéressés par la crèche qu’il confectionnait chaque année, Giovanni s’est mis en tête d’en faire une accessible au grand public. C’est une rencontre avec un missionnaire de Winterthur qui a constitué la première pierre de sa collection. Le public vient de Suisse, de France et d’Allemagne. Sa dernière exposition a été fréquentée par 4000 personnes.

De ses pèlerinages à Lourdes, Giovanni Resta a ramené des crèches du Musée de la Nativité, après qu’une crue a abîmé cette institution. Giovanni Resta projette désormais la création d’un Musée de la Nativité à Moutier, dans un pavillon de la place des sports.