Police françaiseCoupable, mais pas condamnée pour avoir «tasé» son collègue au volant
Une policière française avait atteint avec son taser un collègue qui conduisait un véhicule, provoquant un accident. La propriétaire de l’autre auto n’a pas porté plainte, l’accusée échappe à une peine.

Les policiers revenaient d’un pot de départ lorsque la prévenue avait sorti son taser «pour rire».
photo d’illustration AFPLe 28 août 2021, vers 1h, un véhicule de police de cinq places, mais dans lequel se trouvaient six policiers en uniforme du commissariat de Roubaix (France), dont un dans le coffre, avait percuté un véhicule en stationnement à Tourcoing. Les policiers avaient ensuite quitté les lieux sans laisser de coordonnées.
Parmi ces six policiers, qui revenaient d’un pot de départ au commissariat de Tourcoing et regagnaient celui de Roubaix, une brigadière avait déclenché pour «rire» son taser en direction du policier au volant, le touchant à quatre reprises et provoquant l’accident. «La majore de police ne m’a jamais donné l’ordre d’arrêter, ça faisait rire tout le monde. C’était un jeu entre nous», avait-elle assuré, affirmant «regretter» son geste et «adorer» son métier.
Dix mois avec sursis requis
Le président du tribunal a noté que le propriétaire de la voiture percutée n’avait pas porté plainte et rappelé que la policière était considérée comme un «élément moteur» par ses supérieurs. «Il est pour le moins regrettable qu’un fonctionnaire de police aussi bien évalué ait pu se laisser aller de la sorte», a-t-il toutefois insisté, soulignant l'«exemplarité nécessaire» de la part des policiers.
La brigadière de 35 ans a été reconnue coupable de violence avec arme et de mise en danger de la vie d’autrui, mais dispensée de peine. Sa condamnation ne figurera pas à son casier judiciaire. Le Parquet avait requis à son encontre dix mois de prison avec sursis, une amende de 2000 euros, l’interdiction de porter une arme pendant 18 mois et d’exercer sa profession pendant six mois.
Délit de fuite pas retenu
Son avocat s’est réjoui d’une décision qui «montre que le droit doit toujours l’emporter sur les jugements moraux». Alors que «la bataille disciplinaire continue, les instances internes de la police n’étant pas parvenues à tomber d’accord sur une sanction à apporter, voilà un élément de plus pour leur raisonnement», a-t-il ajouté.
Le tribunal a relaxé, mardi, le conducteur du véhicule et la majore de police, poursuivis respectivement pour délit de fuite et complicité de délit de fuite, estimant que les infractions n’étaient pas caractérisées. La majore de police, qui avait pris la décision de rentrer au commissariat tout en prévenant le commissariat de Tourcoing après l’accident, avait affirmé avoir été «dépassée par les événements».