Votations du 13 févrierAides: des médias subventionnés et contrôlés?
Le Parlement estime que la Confédération doit assurer l’avenir d’une presse régionale diversifiée en Suisse et soutenir les médias en ligne payants. Il a prévu 151 millions par an. Du côté de l’UDC ou du PLR, on estime l’opération néfaste à l’indépendance des médias.


Si le peuple l’accepte en votation le 13 février 2022, les médias pourront toucher durant sept ans 151 millions de francs supplémentaires.
Getty Images«Les médias locaux et régionaux rencontrent des difficultés financières, car une part toujours plus importante des dépenses publicitaires va aux grandes plateformes internet internationales. De nombreux journaux ont disparu, les radios et télévisions privées voient elles aussi leurs recettes publicitaires diminuer». Tel est le constat fait par le Conseil fédéral et une majorité du Parlement, qui a décidé de poursuivre et d’augmenter l’aider aux médias ces sept prochaines années.
Pas de nouvelles taxes
Ces aides consisteront en des rabais pour la distribution des journaux en abonnement et des journaux livrés tôt le matin, des aides directes aux médias régionaux et locaux, une augmentation pour les radios et télévisions locales ainsi qu’aux médias en ligne payants (à l’exception des sites d’infos gratuits comme lematin.ch ou 20 minutes). Ce train de mesures sera financé par le biais des recettes de la redevance de radio-télévision existante et du budget de la Confédération. Il n’est pas prévu de nouvelles taxes.
Des médias trop dépendants de l’État
Un comité référendaire, composé d’élus UDC et PLR, s’est formé pour s’opposer à ce train de mesures. Finalement, tous les présidents des partis bourgeois s’opposent à ces aides: Gerhard Pfister pour le Centre, Jürg Grossen pour les Verts libéraux, Thierry Burkart pour le PLR et Marco Chiesa pour l’UDC. On trouve beaucoup d’opposants en Suisse alémanique. En Suisse romande, on trouve les parlementaires Céline Amaudruz (UDC/GE), Jean-Luc Addor (UDC/VS) et Philippe Bauer (PLR/NE).
Une aide qui fausse le marché des médias
Le comité des opposants à la loi estime qu’avec ces aides «les médias suisses privés seraient désormais subventionnés à hauteur de 178 millions de francs par an». Auxquels, ils ajoutent les 109 millions par an que les éditeurs touchent pour les stations de radio et de télévision et les 130 millions qu’ils économisent grâce à un taux de TVA réduit. Pour ce comité, cette politique «fausse le marché, rend les médias dépendants de l’État, discrimine les médias gratuits, conduit à une uniformisation accrue des médias, et cimente les monopoles médiatiques existants.» Enfin, ultime argument: «Plus de 70% des subventions versées aux médias profiteraient directement aux grands groupes de presse et à leurs actionnaires qui n’ont pas vraiment besoin de cet argent».
Un soutien le plus large possible
Pour le comité de soutien, qui affiche les couleurs de la «liberté d’expression», ce ne serait que 20% de la somme qui profiterait aux grands groupes. L’aide concerne 170 journaux et magazines de toutes les régions de Suisse, un millier de publications d’associations, de fondations et de partis à but non lucratif et de tous horizons politiques, un grand nombre de plateformes d’informations en ligne, 21 stations de radio locales et 13 stations de télévision régionales dans toutes les régions linguistiques. Enfin l’aide toucherait aussi les agences de presse, les instituts de formation de journalistes et les organisations de la branche comme le Conseil suisse de la presse.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’Administration fédérale.
Un train de mesures à +151 millions
Distribution des journaux: + 20 millions de francs.
Distribution tôt le matin et le dimanche: +40 millions.
Presse associative: +10 millions de francs.
Médias en ligne: +30 millions.
Radios locales et télévision régionales +28 millions.
Mesures en faveur de la branche (formation, agences, association): +23 millions.