Conseil des ÉtatsLes Vert-e-s se retrouvent bien seuls contre les autoroutes
La Chambre des cantons avalise un montant de plus de 5 milliards de francs pour les autoroutes. Les milieux de l’environnement sont furieux. Référendum en vue.


Lisa Mazzone (V/GE) a défendu en vain une politique différente pour la mobilité.
ParlementLe développement des routes nationales va se poursuivre à un rythme soutenu durant la période 2024-2027. Telle est à la volonté de la Chambre des cantons, qui a accepté ce mercredi un plafond de dépenses de plus de 5 milliards de francs, comme le Conseil national en mai dernier, essentiellement dévolu au développement des autoroutes.
Seuls les élus écologistes ont mis les pieds aux murs contre cette politique expansionniste. La conseillère aux États genevoise Lisa Mazzone (V/GE) a contesté en vain les projets d’Albert Rösti soutenus par les partis bourgeois: «Quand on est à proximité d’un environnement urbain ou d’une agglomération, a-t-elle expliqué, sur des routes qui sont déjà congestionnées, augmenter la capacité routière conduit aussi à augmenter le trafic. On pense souvent apporter la solution pour rouler de façon fluide… Mais on se retrouve, quelque temps après, à la case départ: on induit un nouveau trafic, et ce trafic se déverse par ailleurs dans les agglomérations…».
Avec le projet Le Vengeron-Nyon
Mais les cinq représentants des Vert.e.s du Conseil des États se sont retrouvés bien seuls au moment de refuser ces dépenses. Au vote final, seuls Lisa Mazzone (V/GE), Adèle Thorens (V/VD), Céline Vara (V/NE) et Carlo Sommaruga (PS/GE) ont voté contre le projet. Leurs collègues écologistes et socialistes se sont, soit abstenus, soit ont voté en faveur du projet (Daniel Jositsch, Roberto Zanetti et Eva Herzog). Le Conseil des États a donc adopté un montant d’environ 4 milliards de francs pour cinq projets autoroutiers en Suisse alémanique, qui doivent être réalisés d’ici 2030. S’y ajoute le projet Le Vengeron - Coppet - Nyon, entre les cantons de Genève et Vaud, pour élargir l’autoroute à six voies, et devisé à 911 millions de francs.
Ces décisions du Conseil des États, après celles du Conseil national, ont fait réagir furieusement les milieux de protection de l’environnement qui annoncent un référendum. L’association actif-trafiC dénonce une décision «anachronique» ou «hors du temps»: «Tous les experts savent qu’élargir les autoroutes est inutile, car non seulement cela ne résout pas les problèmes d’embouteillages, mais cela les aggrave à cause du trafic induit». La coprésidente d’actif-trafiC, la conseillère nationale Franziska Ryser (V/SG), annonce un référendum avec d’autres organisations.
«Le cauchemar autoroutier fait son grand retour»
Dans un communiqué, Les Vert-e-s disent se joindre au référendum et rejettent «l’intégralité du projet de développement routier du Conseil fédéral et du Parlement». Ils parlent de «méga-routes nuisibles pour le climat et la nature». Greenpeace a également publié un communiqué ce mercredi pour regretter qu’en Suisse: «le cauchemar autoroutier [fasse] son grand retour».
Fort d’une étude comparative européenne sur les investissements pour le rail ou la route, Greenpeace constate qu’en Suisse, les dépenses par habitant pour le rail se sont élevées à 6799 euros entre 1995 en 2018, mais celles pour la route ont été de 8560 euros par habitant. Depuis 1995, 347 kilomètres d’autoroute à 4 voies ou plus ont été construits en Suisse, soit une augmentation de 29% du réseau.