Attaque jihadiste à Lugano: «Elle essaie de donner à son geste une intention qu’elle n’a pas»

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Attaque jihadiste à Lugano«Elle essaie de donner à son geste une intention qu’elle n’a pas»

Le Ministère public requiert 14 ans contre l’assaillante de chez Manor. Ses avocats la défendent en disant qu’elle vit dans un monde de «délires».

La suspecte avait agressé deux femmes devant une grande enseigne à Lugano.

La suspecte avait agressé deux femmes devant une grande enseigne à Lugano.

Lecteur reporter/20Minuti

Le Ministère public de la Confédération a requis jeudi une peine de 14 ans de prison à l’encontre de la Suissesse ayant tenté d’égorger deux clientes de chez Manor à Lugano (TI) en 2020 au nom du groupe État islamique. «L’accusée voulait tuer le plus grand nombre de personnes possible. Il est indiscutable qu’il s’agit d’un acte terroriste», a dit le MPC. La peine requise devrait être mue en mesure stationnaire.

La question tourne notamment autour de l’état mental de l’accusée, au cœur de ce procès qui s’est ouvert lundi au tribunal pénal fédéral à Bellinzone (TI). «Elle essaie de donner à son geste une intention qu’elle n’a pas», a soutenu jeudi son avocat Daniele Iuliucci, soulignant qu’elle ne connaît réellement quasiment rien sur l’islam. Ce que l’un des experts a déjà signalé à la cour lundi.

Ce n’est, a affirmé l’avocat, «que dans sa tête» que les personnes avec qui elle échangeait sur internet étaient des combattants de l’EI, estimant que sa cliente vit dans un monde de «fantaisie» et de «délire».

Elle le referait, «mais mieux»

Pendant son interrogatoire par la cour, l’accusée, née de père suisse et de mère serbe, n’a fait état d’aucun remords, et a même assuré que si c’était à refaire, elle le referait mais «mieux… avec des complices». Elle a répondu aux nombreuses questions sur son mode opératoire et a expliqué avoir voulu agir le 24 décembre, avant finalement d’opter pour le 24 novembre, craignant qu’il n’y ait trop de sécurité à la veille de Noël.

État psychologique instable

Selon deux experts en psychiatrie, la femme présente un risque de récidive et doit être placée dans une institution fermée où elle pourra continuer à bénéficier de soins psychiatriques. Elle est actuellement incarcérée en exécution anticipée de peine et bénéficie d’un traitement médical.

Suivie depuis très jeune par des psychologues, la jeune femme a souffert de crises d’épilepsie pendant l’enfance et d’anorexie pendant l’adolescence. Elle n’a pas fait d’études supérieures mais elle a fait des stages de coiffure et de vendeuse.

Elle a expliqué être tombée enceinte à 17 ans de son futur mari, d’origine afghane, qu’elle a épousé à 19 ans et dont elle a fini par divorcer en 2021. Son mari ne voulait pas qu’elle étudie, ni qu’elle avorte. Ne souhaitant pas s’occuper de l’enfant, elle l’a confié à ses parents, qui l’ont adopté. 

Rappel des faits

(AFP/20min)

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