JuraUne truite de sept kilos retrouvée morte
Un surveillant a fait une triste découverte: un poisson de 81 centimètres tué dans le Doubs par la saprolégniose.


En charge de la surveillance de la pêche, Dominique Rossé a découvert un mâle mort dans le Doubs, à St-Ursanne.
ENVUne truite de 7,1 kilos pour 81 centimètres, ce sont des mensurations qui font de ce poisson l’emblème du Doubs, le titre de roi étant réservé à l’apron, une espèce aperçue pour la dernière fois en 2019. Las! Un surveillant de la pêche a retrouvé ce poisson mort près du seuil de Moulin Grillon, à St-Ursanne, tué par la Saprolegnia parasitica.
Pour le pêcheur français Christian Triboulet, président de l’association binationale «La Franco-Suisse - Gorges du Doubs», le mâle retrouvé à St-Ursanne symbolise «la légende de la rivière qui disparaît», comme il l’a dit à «L’Est Républicain». Mais pour l’inspecteur jurassien de la faune Amaury Boillat, la mort d’un vieil individu n’a rien de dramatique: «Cette truite a largement eu le temps de participer à la reproduction dans son habitat naturel».
Cette mousse blanche
Âgée d’une quinzaine d’années, la truite fario retrouvée morte était un poisson qualifié d’«exceptionnel» et de «remarquable» par les observateurs. Sur la photo prise à l’ombre du viaduc de St-Ursanne, où siège l’Office jurassien de l’environnement, les pêcheurs remarquent immédiatement les plaques qui recouvrent les écailles: «Cette mousse blanche, on ne voit que ça», commente Christian Triboulet.
«Ce qui est davantage préoccupant, ce sont les individus qui périssent dans la force de l’âge», indique Amaury Boillat. Dans la boucle suisse du Doubs, l’hécatombe est qualifiée de «désolante», mais pas dramatique. Un pointage est prévu dans le courant de cette semaine.
Côté français, Christian Triboulet a écrit à la préfecture pour se plaindre de «l’indifférence» de l’administration: «Est-ce qu’il faudra s’habituer à des rivières sans ses poissons emblématiques avec des eaux qui sentent le lisier à certaines époques de l’année mettant en péril l’alimentation de l’eau potable?» interroge-t-il.
Avant la reproduction
Sur le Doubs qui trace la frontière franco-suisse, les pêcheurs neuchâtelois, jurassiens et français disent d’une même voix leur inquiétude en alertant les politiciens sur le danger de la saprolégniose: le problème avec ce champignon présent naturellement dans l’eau, c’est son apparition avant la reproduction.
L’attaque provoque des mycoses et pendant la fraie, le parasite s’attaque aux poissons affaiblis par la pollution et la canicule de l’été dernier qui a fait grimper la température à 25°. Il y a trois semaines, au début de la fraie, l’eau avait encore 12° quand il fallait 8°.