Présidentielle françaiseValérie Pécresse promet de ressortir le «Kärcher»
Après la charge d’Emmanuel Macron contre les non-vaccinés, sa rivale de droite Valérie Pécresse a replacé la sécurité au centre de la campagne.

Valérie Pécresse, candidate du parti de droite à l’élection présidentielle française de 2022, lors d’un déplacement à Salon-de-Provence le 6 janvier 2022.
AFPC’est dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, sur des terres où l’extrême droite réalise de très bons scores, que Valérie Pécresse a encore durci son discours sécuritaire: «Il faut ressortir le Kärcher car il a été remis à la cave par François Hollande et Emmanuel Macron depuis dix ans».
«Aujourd’hui, il est temps de nettoyer les quartiers, il faut traquer les caïds, les voyous, les criminels, les dealers, ce sont eux qu’il faut harceler et punir, qu’il faut priver de leur citoyenneté», a affirmé lors d’un point presse celle qui fut ministre du Budget sous Sarkozy.
Héritage de Sarkozy
Le mot du jour, Kärcher, sonne comme un retour aux années Sarkozy lorsque le ministre de l’Intérieur, et pas encore président, avait affirmé en 2005 vouloir nettoyer la «racaille» au «Kärcher» – une marque de nettoyeurs à haute pression d’eau – après la mort d’un enfant de 11 ans, tué par une balle perdue lors d’une rixe entre gangs, dans une cité de La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
En s’adressant à un électorat sensible aux questions sécuritaires, la candidate LR entend bien creuser l’écart avec les deux candidats d’extrême droite Marine Le Pen (RN) et Eric Zemmour (Reconquête!).
Tous les trois sont dans un mouchoir de poche dans les derniers sondages (autour de 14-16%) pour accéder au second tour face à Emmanuel Macron, toujours donné favori avec un score stable depuis des mois, entre 23 et 25% au premier tour.
Moquerie de la concurrence
«Elle nous ressort des vieilles expressions des vieux tiroirs, qui n’ont aucun effet (concret, ndlr) mais qui au passage blessent cinq millions d’habitants des quartiers», s’emporte la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai.
«On a compris que depuis quelque temps elle flirte avec l’extrême droite d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen, et aujourd’hui, c’est carrément une demande en mariage qu’elle leur fait», a-t-elle affirmé.
«’Ressortir le Kärcher’? C’est pour faire oublier les 12 500 policiers que la droite a supprimés lorsqu’elle était au pouvoir?» a abondé le député LREM de la Vienne Sacha Houlié.
Dans le camp d’Emmanuel Macron, candidat quasi déclaré, – «Il n’y a pas de faux suspens, j’ai envie» a-t-il dit au «Parisien» cette semaine –, la candidate LR fait figure d’adversaire la plus redoutable au second tour.
Le chef de l’État abordera à son tour, lundi 10 à Nice, la thématique sécuritaire, un des sujets qui devraient dominer la campagne avec la santé et le pouvoir d’achat.
Idées nauséabondes
Le retour du «Kärcher» a également fait réagir Marine Le Pen. «Les Français ne sont plus dupes de ces mensonges et me font confiance pour rétablir l’ordre!», comme Eric Zemmour: «Merci, Madame Pécresse, le Kärcher, on nous a déjà fait le coup».
Et bondir le candidat communiste Fabien Roussel: «Ressortir le Kärcher de la cave pour ‘nettoyer les quartiers’ et ressusciter les idées nauséabondes de Sarkozy. On connaît le bilan: une police de proximité liquidée, des trafics internationaux pérennisés, des quartiers et des populations stigmatisés!»