Neuchâtel – Incendie mortel allumé à la vodka

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NeuchâtelIncendie mortel allumé à la vodka

Priée de s’en aller, une assistée sociale d’origine russe a brûlé les habits placés devant la porte de son propriétaire.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
À Cressier, un incendie a partiellement détruit l’ancien hôtel-restaurant de la Couronne dans la nuit du 4 au 5 décembre 2020.

À Cressier, un incendie a partiellement détruit l’ancien hôtel-restaurant de la Couronne dans la nuit du 4 au 5 décembre 2020.

Lematin.ch/Vincent Donzé

À 32 ans, Julien est mort quatre jours après l’incendie intentionnel de l’ancien hôtel-restaurant de la Couronne de Cressier (NE). Un an après le drame survenu dans la nuit du 4 au 5 décembre 2020, une locataire d’origine russe a comparu vendredi devant le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers.

Le média Arcinfo a assisté à sept heures d’audience. Accusée d’incendie intentionnel aggravé, de meurtre, subsidiairement d’homicide par négligence, O. a clamé son innocence sans convaincre. Elle avait un mobile: le 4 décembre, «fatigué par son comportement», son propriétaire lui avait donné quatre jours pour quitter son appartement, d’entente avec son curateur.

Taux d’alcool de 3,5 g/l

Ce vendredi soir, la locataire problématique a appelé les services de secours en affirmant vouloir se jeter sous un train. Transportée aux urgences psychiatriques avec un taux d’alcool de 3,5 g/l, elle a été reconduite à son domicile à 22 h 25. Une heure plus tard, le propriétaire appelait les pompiers.

Selon les enquêtes scientifiques et forensiques, c’est avec un briquet et de la vodka que O. a bouté le feu aux vestes placées devant la porte du propriétaire, au premier étage. De la fumée s’est infiltrée sous la porte de sa propre chambre, mais elle est restée impassible, alors qu’en cinq mois, elle avait appelé les secours 1136 fois…

Par les fenêtres

Les chambres de la Couronne servaient à loger des assistés sociaux, tandis que le bureau d’architecture du propriétaire occupait le rez-de-chaussée. Les locataires ont été évacués par les fenêtres, certains en détresse respiratoire. «On les voyait sortir en petite tenue dans le froid et la neige», témoignait une voisine. Sur neuf personnes évacuées, quatre ont été hospitalisées. Parmi elles, Julien.

Quatre jours après l’incendie, Julien s’est endormi paisiblement à l’hôpital. «Tu es notre étoile et nous sommes ta lumière pour toujours», pouvait-on lire dans son avis mortuaire. Ses parents ont pleuré à l’audience d’hier.

Le procureur a requis huit ans de prison ferme, peine assortie d’un traitement psychiatrique, ainsi qu’une expulsion de dix ans du territoire suisse. L’avocat de la défense a plaidé l’acquittement, au bénéfice du doute. En attendant le jugement du Tribunal criminel, prévu le 10 février 2022, la prévenue reste détenue à la prison de champ-Dollon (GE).

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