Colombie: Record d’assassinats de leaders sociaux en 2022

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ColombieRecord d’assassinats de leaders sociaux en 2022

Plus de 200 militants syndicaux, communautaires et des droits humains ont été assassinés l’année dernière en Colombie.

Gustavo Petro.

Gustavo Petro.

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Au moins 215 militants communautaires, syndicaux et des droits humains ont été tués en 2022 en Colombie, un chiffre record depuis le début de la comptabilisation de ce type d’incidents en 2016, a annoncé lundi le bureau du médiateur.

«Il ne s’agit pas seulement de chiffres, il faut penser aux 215 familles durement touchées et aux communautés affectées qui se retrouvent sans personne pour défendre leurs droits», a déploré le Défenseur du peuple (Ombudsman), Carlos Camargo, dans une vidéo envoyée à la presse. Au total, 1113 meurtres de leaders sociaux ont été enregistrés depuis que la Colombie a signé la paix en 2016 avec la guérilla marxiste des FARC, selon cet organisme qui veille au respect des droits de l’homme.

47 représentants indigènes assassinés

«En 2016, 133 ont été tués, en 2017 le chiffre a atteint 126, en 2018 le record était de 178, en 2019 il était de 134, en 2020 il est passé à 182 et en 2021 il a atteint 145 décès», a précisé le bureau du médiateur dans son bulletin. Parmi les personnes assassinées l’année dernière figurent 47 représentants indigènes, 18 dirigeants paysans ou communautaires, et huit syndicalistes. Les départements qui ont enregistré le plus grand nombre de cas sont Nariño (35), Cauca (26), Antioquia (22) et Putumayo (22), couloirs par où transite habituellement le narcotrafic dans le pays plus grand producteur de cocaïne au monde.

Tout au long de plus d’un demi-siècle de guerre interne, les meurtres de dirigeants ont été récurrents. Selon les associations locales et ONGs, les guérillas toujours en armes, les trafiquants de drogues et des agents de l’Etat sont derrière ces meurtres. Le président colombien de gauche, Gustavo Petro, élu à l’été 2022, tente de trouver une solution négociée à ce conflit polymorphe impliquant une myriade de groupes armés, plus ou moins bien identifiés, plus ou moins politisés, mais très souvent impliqués dans le narcotrafic.

Depuis le début de l’année, une trêve est en vigueur entre le gouvernement et des dissidents des FARC (qui ont rejeté l’accord de 2016), des membres du Clan del Golfo (le plus grand gang de narcotrafiquants du pays) et des paramilitaires d’extrême-droite. Le gouvernement de Gustavo Petro négocie également la paix avec l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste), le dernier groupe de guérilla reconnu en Colombie.

«Nous espérons que les pourparlers avec l’ELN et le cessez-le-feu bilatéral avec les autres groupes armés illégaux se traduiront également par une diminution des actions contre les dirigeants», a commenté Carlos Camargo. La Colombie est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les activistes, militants des droits de l’homme ou défenseurs de l’environnement, selon notamment l’organisation internationale Global Witness.

(AFP)

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