Hong KongInterdire une veillée pour Tian’anmen était illégal
Le jugement d’un tribunal de Hong Kong a cassé mercredi la condamnation de la militante pro démocratie Chow Hang-tung.

Faisant l’objet d’autres poursuites, la militante Chow Hang-tung reste en prison malgré sa victoire.
AFPUn tribunal de Hong Kong a jugé mercredi illégale la décision de la police d’interdire l’an dernier la veillée en mémoire de Tian’anmen, cassant la condamnation de la militante pro démocratie Chow Hang-tung. Cette décision constitue un revers inhabituel pour les autorités de la ville où la commémoration de la sanglante répression des manifestants pro démocratie sur la place Tian’anmen, le 4 juin 1989, à Pékin, a pratiquement disparu de l’espace public, ces dernières années. La police a interdit les trois dernières veillées, invoquant l’épidémie de Covid-19 et des raisons sécuritaires. Les tribunaux ont emprisonné plusieurs militants qui ont bravé ces interdictions, dont Mme Chow.
Avocate âgée de 37 ans, l’une des principales figures pro démocratie à Hong Kong, Chow Hang-tung était à la tête de l’Alliance de Hong Kong, un groupe aujourd’hui dissous qui organisait chaque année des veillées en mémoire des morts de la place Tiananmen, lorsque la Chine a envoyé des troupes pour écraser des manifestations en faveur de la démocratie. Le magnat Jimmy Lai fait également partie de ceux qui ont été écroués pour avoir bravé les différentes interdictions des veillées, dans son cas en 2020.

Jimmy Lai, fondateur du média «Apple Daily».
REUTERSMme Chow a été condamnée en janvier à 15 mois de prison pour avoir écrit des articles incitant le public à «allumer des bougies pour demander justice pour les morts», ce qui, selon un tribunal en première instance, revenait à inciter d’autres personnes à enfreindre l’interdiction. Mais la juge de la Haute Cour, Judianna Barnes, a déclaré mercredi que la police avait interdit à tort la veillée de 2021, car elle n’avait pas «envisagé de manière proactive et sérieuse» les moyens de faciliter un rassemblement public, comme l’exigeait la loi.
Le gouvernement n’ayant pas réussi à prouver que l’interdiction était juridiquement valable, les articles de Mme Chow ne constituent plus une infraction et sa condamnation a été annulée en appel. Malgré sa victoire en justice, la militante reste en détention, car elle fait l’objet d’autres poursuites, notamment au titre de la sécurité nationale, pour lesquelles elle encourt jusqu’à dix ans de prison.
Hong Kong était autrefois le seul endroit en Chine où la commémoration de Tian’anmen était tolérée. Puis, en 2020, Pékin a imposé à la ville semi-autonome une loi draconienne sur la sécurité nationale qui a étouffé toute contestation après les gigantesques et parfois violentes manifestations pro démocratie de 2019.