FinancesLa mort d’un cimetière à Bienne
Par mesure d’économie, un cimetière de quartier sera progressivement désaffecté, au gré des concessions.


À Bienne, le cimetière de Boujean est voué à disparaître progressivement.
lematin.ch/Vincent Donzé«Mort d’un cimetière», c’est le titre d’un livre consacré par Jacques Chessex (texte) et Luc Chessex (photos) à un ancien cimetière abandonné à Territet (VD). Cette publication date de 1989 et 33 ans plus tard, la réflexion surgit à Bienne où les autorités prévoient d’abandonner le cimetière du quartier de Boujean, par mesure d’économie.
La fermeture annoncée interroge sur l’avenir des lieux de sépultures tandis que les habitudes évoluent, comme l’a relevé la radio locale RJB. Le cimetière de Boujean sera progressivement désaffecté: sans nouvelle tombe, ce lieu s’éteindra au fil des concessions.
De 20 à 25 ans
Les inhumations cesseront dès 2024, mais la désaffectation complète du cimetière de Boujean prendra du temps puisque, légalement, toucher aux tombes 20 à 25 ans après l’inhumation n’est pas autorisé.
L’objectif de cet abandon n’est pas seulement de soulager le budget, en ne conservant que les cimetières de Madretsch et de Mâche, mais aussi de s’adapter à des changements d’habitudes en termes de sépulture.
La conseillère municipale Lena Frank s’est exprimée à ce propos sur RJB. Avec la généralisation croissante de la crémation, les espaces verts restent libres, un constat qui saute aux yeux à Boujean: «Il y a beaucoup d’espace libre», a constaté Lena Frank.

Plus aucun cercueil ne sera inhumé dans ce cimetière, au projet de ceux de Madretsch et de Mâche.
lematin.ch/Vincent DonzéLa tendance se confirme dans d’autres communes, comme à Moutier et à Delémont. Certains cimetières se réinventent avec des jardins des souvenirs, comme à Neuchâtel, où les cendres d’un défunt peuvent être déposées dans des casiers ou vers un monument souvent proche de la nature.
Dans notre pays, la crémation est en vogue: selon la conteuse et thanatologue vaudoise Alix Noble Burnand, interrogée par nos confrères, le taux d’incinération oscille entre 93 et à 96%, le corps devenant ainsi «un produit plus facile à traiter»…
«Les cimetières traditionnels ont du plomb dans l’aile», a constaté Alix Noble Burnand. Cette thanatologue apprécie le concept anglais du cimetière «avec des enfants qui apprennent à faire du vélo entre les tombes». Elle cite en exemple les cimetières de Lausanne et surtout de Saint-Georges à Genève, où des activités culturelles font revenir la population dans un espace aux allures de parc public.