MastersLes inquiétants tremblements de Novak Djokovic
Pris de spasmes au bras droit durant son match contre Medvedev, le Serbe n’a pas voulu s’expliquer avant sa demi-finale face à Taylor Fritz.


Novak Djokovic cherche un deuxième souffle durant son marathon «pour beurre» face à Daniil Medvedev, vendredi à Turin. (Photo by Marco BERTORELLO / AFP)
AFPQu’est-il arrivé à Novak Djokovic vendredi après-midi? Alors que le Serbe attaque, samedi, le dernier carré du Masters de Turin en grand favori (14h contre Fritz), une scène étrange captée par les caméras sème le doute sur son état de fraîcheur. «Nole» venait de perdre le tie-break de la deuxième manche face à Daniil Medvedev lorsque, assis sur son banc, son bras droit se mit à trembler. Comme si son corps au bord de la rupture lui envoyait un signal d’alerte.
«Il s’agissait juste d’une grosse fatigue, on était au cœur d’une énorme bataille, expliquera l’homme aux 21 titres du Grand Chelem en conférence de presse. Tout ce que je peux dire, c’est que je ne suis pas malade et que je ne ressentais aucun souci lié à une partie spécifique de mon corps. C’était une forme d’épuisement généralisé, à cause de la durée des échanges et du match.» Il est vrai que les deux hommes n’ont pas triché lors de cette rencontre «sans enjeu» (200 points et 383’000 dollars quand même) longue de 3h11 (6-3, 6-7, 7-6)!
Il y a plusieurs raisons à ce qui m’est arrivé. Mais je ne veux pas entrer dans les détails. Je ne veux pas donner des indications sur ce que je vis à mes adversaires.
Reste que dans un sport où les coups de fatigue font partie du quotidien, la vision de ces spasmes au bras droit avait quelque chose d’étonnant, voire d’inquiétant. Alors forcément, Novak Djokovic a été relancé par nos collègues présents à Turin; chacun proposant une piste plus ou moins probable d’explication. «Il y a plusieurs raisons à ce qui m’est arrivé, répliqua le Serbe. Mais je ne veux pas entrer dans les détails. Pourquoi le ferais-je? Je n’ai pas l’impression que c’est le bon moment. Je ne veux pas donner des indications sur ce que je vis à mes adversaires. On a tous nos jours moins bien. Moi, c’était aujourd’hui et je suis très fier d’avoir trouvé un moyen de m’en sortir.»
Il peut. Or comme ce n’était pas la première fois que «Djoko» revenait de vers chez les morts pour gagner, plus personne sur le Tour ne croit au hasard. Un peu comme Rafael Nadal, Novak Djokovic possède un rapport à la douleur et à son corps qui défie les standards du raisonnable. Une forme d’extension du domaine des possibles sur laquelle il est très difficile de mettre des mots.
Les limites n’existent pas
«Je ne crois pas à l’idée de limite, expliqua pourtant Novak Djokovic en se lançant dans une tirade aux accents ésotériques. Tout se passe dans la tête. C’est une question de perspective, d’approche, de la façon dont tu perçois les choses à un moment donné. (…) Il n’y a pas de potion magique ni un seul chemin qui mène au succès. Je crois qu’il est important de conserver un esprit ouvert, les yeux et les oreilles ouverts, d’apprendre de chaque expérience pour s’améliore et éviter au maximum les trop grandes variations.»
Parfois dur à suivre lorsqu’il se lance dans de longues explications, le Serbe poursuivait son monologue sur les moyens de trouver le juste équilibre. «Certains joueurs font des exercices mentaux, d’autres travaillent avec des messages subconscients ou des rituels de concentration. Il est aussi possible de s’appuyer sur une personne ou un objet pour revenir dans le moment présent. Le tennis est très exigeant parce que nous sommes seuls, on n’a jamais le luxe de pouvoir se reposer sur un coéquipier. Et puis, cinq minutes peuvent nous coûter un match. C’est ce qui rend notre sport magnifique.»
Un sport magnifique dans lequel il ne faut pas se laisser piéger par les apparences. Vendredi, Novak Djokovic a tremblé, au sens littéral du terme. Mais au fond de lui, un champion de sa trempe garde toujours le contrôle.