Un jour, une joueuse: Italie: Sara Gama, celle qui a une Barbie à son effigie

Publié

Un jour, une joueuseItalie: Sara Gama, celle qui a une Barbie à son effigie

Pendant le début de l'Euro 2022, lematin.ch vous présente une joueuse par sélection présente en Angleterre. On continue avec l'Italie et sa défenseuse déjà érigée au «Hall of Fame» de son pays.

Robin Carrel
par
Robin Carrel Manchester
La capitaine italienne.

La capitaine italienne.

Imago

On l'a vu récemment au Musée de Football de Manchester: il y a quelques années, la marque Mattel avait sorti une gamme de Barbie footballeuses. Mais ces grandes blondes aux jambes élancées et en plastique ne représentaient personne en particulier. Juste le stéréotype de la marque, avec un équipement de joueuse de foot. Pas de quoi faire trembler le patriarcat et les stéréotypes qui ont trop longtemps accompagné la discipline.

Tout ça a peut-être un peu changé au printemps 2018, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, de l'autre côté des Alpes. Cette année-là, en mars, la marque de jouet a officialisé la sortie de la Barbie Sara Gama, du nom d'une internationale italienne aux quelque 130 sélections, qui évoluait à l'époque, comme aujourd'hui d'ailleurs, sous les couleurs de la Juventus.

Un grand pas pour les filles qui jouent au foot et à la Barbie, mais pas forcément un grand pas pour l'homme. Car à l'époque, tout juste nommée capitaine de la Squadra, la joueuse qui a un père congolais a été la victime de honteuses insultes racistes. Pas de quoi la faire trembler toutefois. Sara Gama a milité toute sa vie et elle a une parole de poids dans le milieu d'un football féminin italien, qui a mis longtemps avant d'enfin sauter le pas du professionnalisme.

Avant le début de l'Euro en Angleterre, la défenseuse a écrit une longue et touchante lettre à la Sara Gama de 7 ans, sur le site de The Players’ Tribune: «Je t'écris pour te faire savoir que tu vas devenir quelqu'un que tu n'aurais jamais pensé pouvoir devenir. […] Tu as vraiment de la chance de grandir dans une si belle région. Dans cet endroit, le football va devenir ta plus grande joie. Je sais qu'il l'est déjà, mais crois-moi, tu ne sais pas à quel point il va le devenir.»

Dans ce texte qu'on ne saurait trop vous conseiller de lire et au terme duquel les larmes ne sont pas loin, l'Italienne vous embarque: «J'ai appris que toutes les familles ne sont pas comme la tienne. Toutes les familles de l'Italie des années 90 ne veulent pas d'une fille qui joue au football - crois-moi sur ce point aussi. Mais la tienne, si. Ils sont heureux pour toi. Grand-Papa va te conduire dans tout Trieste pour jouer. Grand-Maman viendra aussi pour te soutenir. Et Maman? Eh, tu connais Maman. Elle va se jeter dans cette nouvelle petite communauté. Je sais que Papa est déjà retourné dans son pays. Peut-être qu'un jour, dans le futur, tu le verras et tu reprendras contact.»

Foutue poussière dans l'œil.

Ton opinion

59
0
5