MexiqueRéférendum pour juger d’ex-présidents pour corruption
Les Mexicains votent dimanche dans le cadre d’un référendum voulu par le président Andres Manuel Lopez Obrador sur l’opportunité d’enquêter et poursuivre en justice ses prédécesseurs pour corruption présumée.

Le président du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador.
AFPLe président de gauche, champion autoproclamé de la lutte anticorruption, soutient que cette consultation publique renforcera la démocratie participative au Mexique. Mais ses détracteurs n’y voient qu’un simple coup politique.
Pour que le résultat du vote soit contraignant, 37,4 millions de personnes – soit 40% des électeurs – doivent y participer, un pari difficile vu le manque d’enthousiasme que suscite cette initiative chez les Mexicains.
Alors que le «OUI» pourrait l’emporter jusqu’à 90%, il semble difficile d’atteindre ne serait-ce que 30% de participation, estime Roy Campos, directeur de l’institut de sondage Mitofsky.
Rosario Gomez fait partie de ceux qui prévoient de voter dans l’une des 57’000 urnes installées par l’Institut électoral, contre plus de 160’000 pour les élections législatives de juin. «Il est temps que ces voleurs paient!» lance cette employée de 52 ans qui travaille sur des marchés.
Au Mexique, les anciens présidents peuvent être jugés comme n’importe quel autre citoyen et les critiques affirment que le référendum est inutile. «Attendre les résultats d’une consultation, c’est faire de la justice un cirque politique», estime José Miguel Vivanco, directeur régional de Human Rights Watch, basé à New York.
Bien que le vote soit une idée du chef de l’État, le premier président de gauche du pays a exclu de voter lui-même car il ne veut pas que le «conservatisme corrompu et hypocrite» l’accuse de vindicte.
Alternative ambiguë
La question référendaire proposée montre du doigt cinq de ses prédécesseurs, tous de droite – Carlos Salinas, Ernesto Zedillo, Vicente Fox, Felipe Calderon et Enrique Pena Nieto – dont les mandats allaient de 1988 à 2018. Mais la Cour suprême l’a modifiée pour une alternative plus ambiguë. «Ce n’est pas très sexy. Même les avocats ne comprennent pas», observe l’analyste Paula Sofia Vazquez pour l’AFP.
La question se lit comme suit: «Êtes-vous d’accord ou non pour que des actions pertinentes soient menées, conformément au cadre constitutionnel et légal, pour entreprendre un processus de clarification des décisions politiques prises ces dernières années par les acteurs politiques, visant à garantir la justice et les droits des victimes potentielles?»
Omar Garcia, survivant de la disparition et du meurtre présumé de 43 étudiants en 2014, prétendument aux mains d’une police corrompue et de trafiquants de drogue, estime toutefois qu’écouter le peuple est valable même si ce n’est pas contraignant. «Ce référendum encourage la fin de l’impunité», dit-il. Les résultats sont attendus dans les deux à trois jours qui suivront la clôture des urnes.