FOOTBALLBienvenue à Ibrox, théâtre du drame et de la gloire
Le Servette FC va évoluer mercredi à Glasgow sur l’une des scènes les plus anciennes et fameuses du foot européen. La mort y a frappé jadis, la passion y régnera toujours.


L’Ibrox Stadium peut aujourd’hui accueillir quelque 50 000 spectateurs. Mais ils ont déjà été plus du double, par le passé, à se masser dans l’auguste enceinte.
AFP/PAUL ELLISEn attendant de voir la qualité du spectacle et le comportement des acteurs, une chose est certaine: le théâtre qui accueille le match aller entre les Glasgow Rangers et Servette, mercredi soir au 3e tour qualificatif de la Ligue des champions, appartient aux scènes les plus anciennes et prestigieuses du continent. Autrement dit, le stade d’Ibrox, c’est un monument historique du foot - au sens propre aussi, puisque la tribune sud et sa sublime façade en briques sont classées.
Sorti de terre en 1899 sur la rive sud de la Clyde, l’Ibrox Park, qui deviendra Ibrox Stadium en 1997, a alors servi de maison aux Rangers - qui y ont donc fêté 53 de leurs 55 titres de champions d’Ecosse. Voilà qui vous plante un décor, qui vous pose un pedigree. Avec un peu plus de 50 000 poitrines à l’intérieur, ça pourrait même devenir impressionnant - aux Servettiens, dont la plupart n’ont aucune expérience en la matière, de gérer ça.
La mort frappe
Ibrox, c’est plus d’un siècle d’histoire, de gloire et de drames. Si la passion du jeu et du tacle glissé ne désertera jamais les lieux, la mort, elle aussi, y a frappé très tôt. Le 2 avril 1902, lors d’un match entre l’Ecosse et l’Angleterre, l’effondrement d’une tribune provoque 25 décès et quelque 500 blessés.
La tragédie marque le début d’une phase de mutation(s), qui feront évoluer l’enceinte avec son temps. En 1929, c’est sous le crayon d’Archibald Leitch, l’architecte qui avait déjà dessiné tout ou patie d’Old Trafford (Manchester United), Stamford Bridge (Chelsea), Highbury (Arsenal) ou Goodison Park (Everton), que la tribune sud s’érige. Elle est toujours debout, après avoir vu tant de matches échevelés, tant de foules endiablées.
Plus de 118 000 spectateurs
Le joyau de la couronne, évidemment, c’est quand sonne l’heure du Old Firm; le fameux derby face aux voisins honnis du Celtic. C’est à l’une de ces occasions, en 1939, que le record historique de spectateurs a été établi, avec 118 567 âmes officiellement recensées dans Ibrox. Un chiffre qui provient d’un autre monde, enregistré dans d’autres travées. Mais dans le même stade.
C’est une autre tragédie, restée dans les livres comme «le désastre d’Ibrox», qui précipitera de nouveaux aménagements. Le 2 janvier 1971, tandis que les Rangers sont en train de perdre un derby contre le Celtic, des milliers de supporters dépités quittent les tribunes. Mais lorsque Colin Stein égalise peu avant la fin (1-1), la liesse et la cohue font très mauvais ménage: 66 morts, 200 blessés.
Les décennies ont continué à défiler dans le quartier d’Ibrox, les Rangers n’ont jamais cessé d’y écrire leur riche légende. Et quand le malheur frappe, comme en 2012 avec le redressement judiciaire qui mena le club en 4e division, la flamme demeure, plus forte que jamais; et ils sont 50 000 à soutenir leurs protégés, entre ces murs qui signifient tant.
En plus de onze types en bleu roi, c’est tout ça que le Servette FC de René Weiler s’apprête à affronter, mercredi soir lors du match aller du 3e tour qualificatif pour la Ligue des champions.