COP26 – A mi-parcours, la COP26 partagée entre louanges et désillusions

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COP26À mi-parcours, la COP26 partagée entre louanges et désillusions

Des progrès mais peut mieux faire: c’est l’atmosphère qui domine à l’issue de la première semaine de la conférence sur le climat de Glasgow.

La première semaine de la COP26 a été marquée par de nombreuses manifestations dans les rues de Glasgow.

La première semaine de la COP26 a été marquée par de nombreuses manifestations dans les rues de Glasgow.

AFP

À mi-parcours de la cruciale COP26, de nouveaux engagements climatiques éloignent sans doute un peu la planète du réchauffement «catastrophique», prédit par l’ONU. Mais comme promesse ne rime pas avec réalité, les appels à l’action redoublent tandis que les pays pauvres crient à l’injustice.

Renforcement des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’Inde, du Brésil ou de l’Argentine, engagement d’une centaine de pays à réduire les émissions de méthane, promesses de sortie du charbon: après une semaine d’annonces largement promues par la présidence britannique de la COP26, certains évoquent déjà des succès sans précédent, comme l’émissaire américain John Kerry.

«Je n’ai jamais, dans les premiers jours d’une COP, compté autant d’initiatives et autant d’argent mis sur la table», a-t-il commenté. Et «la majorité des pays du G20 ont de véritables plans […] qui garderont l’objectif de +1,5 °C à portée si ces plans sont appliqués. Cela change la donne». À l’opposé, la militante suédoise Greta Thunberg: «La COP26 est un échec», a-t-elle déjà jugé vendredi devant des milliers de jeunes qui ont défilé dans Glasgow.

Beaucoup de progrès, mais pas assez

«Il y a deux vérités ici», note Helen Mountford, du centre de réflexion World Resources Institute. «Nous avons fait beaucoup de progrès dans certains domaines, que nous n’aurions jamais imaginés il y a deux ans, mais, en même temps, ce n’est pas assez».

Qui pouvait ainsi imaginer que la Chine, puis l’Inde, s’engageraient à la neutralité carbone? Leur objectif est toutefois plus lointain que la date de 2050 prônée par les scientifiques pour espérer limiter le réchauffement à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.

Avant cette COP, les engagements de réduction de CO2 des États pour 2030 menaient vers un réchauffement «catastrophique» de 2,7 °C, au mieux 2,2 °C en ajoutant les objectifs de neutralité carbone pour le milieu du siècle, selon le rapport de référence de l’ONU-Environnement.

Ces estimations n’ont pas encore été mises à jour, mais selon diverses analyses préliminaires d’autres experts, si et seulement si toutes les nouvelles promesses étaient effectivement remplies, on pourrait limiter le réchauffement un peu au-dessous de +2 °C, peut-être 1,8 °C, selon le calcul le plus optimiste.

«Écoblanchiment»

Mais, alors que chaque dixième de degré supplémentaire entraîne son lot de nouvelles catastrophes, le plafond de +1,5 °C serait toujours dépassé. Et la requête des pays les plus vulnérables de soumettre chaque année des engagements plus ambitieux devrait rester lettre morte, selon les observateurs.

Quant à la neutralité carbone, «c’est une bonne chose que ce soit la nouvelle référence, mais la plupart des engagements ne sont pas étayés par des plans de mise en œuvre», souligne à l’AFP Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris, dénonçant le «greenwashing» devenu, selon elle, aussi dangereux que la négation du changement climatique.

Du côté des pays les plus pauvres, les moins responsables du réchauffement, mais qui paient déjà le prix de ses impacts ravageurs, la question explosive du financement focalise toujours le ressentiment, dans le contexte de la crise sanitaire mondiale.

Entrée en scène des ministres

«Cette première semaine est une déception, la plupart de nos préoccupations ne sont pas en train d’être prises en compte réellement», dénonce Ahmadou Sebory Touré, qui préside le Groupe77+Chine rassemblant 134 pays en développement ou émergents.

«Il y a une mauvaise foi des pays développés qui demandent toujours aux pays vulnérables de faire davantage», poursuit-il, mais sans mettre sur la table les fameux «100 milliards».

Après les sept premiers jours de négociations, les ministres, dont la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga du côté suisse, entrent en scène cette semaine pour tenter de trouver des compromis sur les grandes orientations politiques, mais aussi sur les articles en suspens depuis trois ans du manuel d’utilisation de l’accord de Paris, notamment sur le fonctionnement des marchés carbone.

(ATS)

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