FootballHumeur: Messi sort-il ses poubelles à Paris?
La frénésie entourant l’arrivée du meilleur joueur du monde au PSG dépasse l’entendement. Il en résulte un feuilleton sans fin, aux épisodes dignes de la collection des Martine. Et une question: peut-on vraiment tout acheter?


Le Messi est là, et il fait vendre. L’illustration du foot-business jusqu’à l’excès.
AFPIl n’est pas question de vous narrer ici ma vie en détails ni de dévoiler un pan de mon caractère mais il peut m’arriver, chut, d’être parfois - pas très souvent mais quand même relativement fréquemment - grognon. Voilà, c’est lâché, on n’en parle plus, quoique…
Car grognon, limite renfrogné, je le suis depuis quelques jours; notamment lorsque dans mon village isolé, il m’a fallu aller mercredi sortir la poubelle pour l’amener au bout du chemin alors même qu’à Paris, presque au même moment, un dieu allait être intronisé sur le trône du PSG sous le regard envieux du monde entier - c’est du moins ce que l’on nous a répété en boucle et que l’on aurait tendance à croire, riches incrédules que nous sommes.
Sur le chemin du retour, débarrassé du poids de notre sac taxé de 35 litres trop chargé, une stupide question à rallonge s’est invitée dans notre esprit chafouin: Messi sort-il lui aussi ses poubelles à Paris ou envisage-t-il de s’y coller lorsqu’il aura pris possession de ses nouveaux murs? D’ailleurs, le faisait-il déjà dans sa villa de Castelldefels à Barcelone? Cette activité lui permet-elle de goûter à la réalité domestique ou son monde, qui n’est pas le nôtre, le dispense-t-il d’aller au plus proche container? Et tiens, lui arrive-t-il de cuisiner pour femme et enfants aussi souvent que le commun des mortels? Oui, quelle est la vie de ceux qui n’en ont plus parce qu’elle leur a échappé?
Un discours poliment débité
Tout cela nous trottait toujours en tête quand Paris, la France et l’au-delà ont bu les paroles du Seigneur. D’interview exclusive en tête-à-tête exclusif multiplié à l’infini sur toutes les chaînes du paysage audiovisuel français, le feuilleton promet d’être sans fin, le discours toujours poliment débité dans des mises en scène savamment travaillées, les questions lisses, les réponses convenues. A ce rythme, parti comme c’est parti, on va nous bassiner encore longtemps.
Le PSG s’offre le mercato du siècle, la venue de Messi représente une bénédiction pour la Ligue 1 et personne ne bronche afin de ne pas égratigner la politique sportive de l’émir du Qatar. On préfère applaudir docilement parce qu’il n’y a rien d’autre à faire en attendant l’arrivée déjà programmée de Cristiano Ronaldo dès 2022 pour remplacer Kylian Mbappé, qui n’a décidément rien (tout?) compris.
Sauf que ce foot-business, développé avec la complicité silencieuse de la FIFA et de l’UEFA, en est devenu honteusement écoeurant et que chacun a toujours plus de mal à s’y retrouver. Franchement, à moins d’avoir des œillères, comment peut-on encore se targuer d’être supporter en 2021?
On l’a compris puisque Messi l’a répété à l’envi, il est à Paris pour remporter une nouvelle ligue des champions, soit. Son arrivée suffira-t-elle à faire du PSG un grand d’Europe, un premier de cordée pour aller conquérir ce sommet interdit, qui se refuse désespérément à lui malgré les centaines de millions déjà injectés? Tout galactique qu’il soit devenu, il n’est pas certain du tout que le PSG écrase de sa domination la moindre compétition. Enfin, on verra.
Une Ligue des champions qui n’aurait aucune valeur
A force d’insister, il se pourrait néanmoins qu’il rafle enfin la Coupe aux grandes oreilles, ce trophée tant convoité. Peu importe après tout qu’il y parvienne tant l’inscription du PSG au palmarès 2022, après sa victoire à Saint-Pétersbourg (lieu de la prochaine finale), n’aurait aucune valeur, sinon celle du fric. Quand on tue la compétition après en avoir faussé les règles (ou en les outrepassant...), quel serait le sens de l’emporter?
Plein de questions nous assaillent - au fait, paie-t-il sa chambre du Royal Monceau? -, peut-être davantage que ne s’en pose le nouveau No 30 du Parc des Princes, dont les aventures parisiennes semblent directement s’inspirer de celles des Martine. Chic, la collection est inépuisable: Leo au restaurant, Leo à l’entraînement, Leo fait ami-ami avec Kylian, Leo à la banque (en réédition), Leo découvre son nouveau jardin (aujourd’hui en marge de la venue de Strasbourg), Leo et son premier but en France (en préparation).
Et peut-être bientôt Leo au bout du chemin. Avec ses poubelles. Bon, je vous abandonne, je dois sortir les miennes.