CommentaireDroit de timbre: une défaite tellement prévisible
Depuis le début de la législature, la droite a de la peine dans les votations. Quand elle défend les milieux financiers, la population suisse ne lui fait guère confiance.


Le Palais fédéral, théâtre des affrontements idéologiques sur les questions fiscales. Mais c’est le peuple qui a le dernier mot.
Béatrice Devènes Service du ParlementQue de séances, de sessions, de dépliants, de minorités, de majorités, de conciliation et que de temps consacré à tous ces sujets à Berne. Au final, trois gros dossiers qui ont occupé le Conseil fédéral et les Chambres ces dernières années sont désavoués en votation ce dimanche 13 février. C’est la loi du genre, celle du peuple qui a toujours le dernier mot. Cela dit, c’est un désaveu qui devrait provoquer une remise en question sur la façon de travailler au Parlement, en particulier sur le rôle prépondérant des lobbies, si concentrés sur leurs intérêts.
Une forme d’aveuglement
Dans le cas de la loi fédérale sur le droit de timbre, les milieux bancaires et financiers ont pesé de tout leur poids pour faire supprimer cet impôt qui les chicane depuis trop longtemps. Ce sont des clopinettes pour la Confédération, et quand même un peu d’argent pour eux… Mais le choix d’un Parlement sous influence n’échappe pas au peuple. Pour la gauche, c’était du pain bénit. Cette issue était si prévisible, qu’on s’étonne même que ce processus ait eu lieu. Il y a là une forme d’aveuglement.
L’impôt anticipé pour les sociétés
Dorénavant l’alliance libérale (UDC, PLR, Centre et Verts libéraux) veut poursuivre son «fit-progamm» pour la fiscalité des entreprises. Dans un même état d’esprit, elle aborde aussi la réforme de l’AVS et de la prévoyance professionnelle. Ce dimanche, on entend que les milieux, qui ont échoué à supprimer le droit de timbre, vont se rattraper en supprimant l’impôt anticipé. Mein Gott! On leur souhaite déjà bonne chance, car le projet vise à supprimer l’impôt anticipé seulement pour les sociétés, mais pas pour les individus.
Un sentiment diffus
Au fond, il y a un sentiment diffus dans la population que les richesses sont inégalement réparties dans ce pays, que l’on soit de gauche ou de droite, libéral ou conservateur. Une grande partie des ménages de la classe moyenne survivent sous la pression toujours plus forte de dépenses captives, qui grignotent leur réel pouvoir d’achat. Loyer, impôts, assurance-maladie, assurances diverses, frais de déplacement, abonnement de téléphonie, d’internet ou de télévision.
Une machine à encaisser
Tout cet argent finit par converger vers les milieux financiers. Contrairement à ce qu’ont prétendu certains durant cette campagne, la bonne santé de l’économie suisse ne dépend pas de l’existence ou non du droit de timbre, mais de tous ces ménages qui alimentent chaque mois avec leurs revenus cette formidable machine à encaisser qu’est notre économie. Dans ces conditions, quand on propose de supprimer un impôt sur le capital, il faut s’attendre à se prendre une veste.