SuèdeDes gangs blanchiraient de l’argent via Spotify
Selon un quotidien suédois, des réseaux criminels payent pour de faux streams, des procédés permettant d’augmenter artificiellement le nombre d’écoutes d’artistes ayant des liens avec les gangs.

Alors que Spotify dit faire le maximum pour lutter contre les faux streams, un membre de gang peut «dire avec 100% de garantie» que le phénomène se poursuit.
20min/Taddeo CerlettiDes gangs suédois, à l’origine d’une multiplication de règlements de comptes ces dernières années, utilisent la plateforme audio Spotify pour blanchir de l’argent, assure, ce mardi, un quotidien suédois. Ces réseaux criminels paient pour de faux streams, c’est-à-dire des procédés permettant d’augmenter artificiellement le nombre d’écoutes d’artistes ayant des liens avec les gangs, assure «Svenska Dagbladet».
Ces faux streams génèrent des revenus payés par la plateforme aux ayants droit, permettant ainsi à ces gangs de blanchir leur argent. Le quotidien dit s’appuyer sur des propos de quatre membres de gangs différents à Stockholm et sur les informations d’un enquêteur de la police suédoise. «Je peux dire avec 100% de garantie que ça se poursuit. J’ai été moi-même impliqué» dans cette manipulation, dit un de ces membres dans le journal, qui fait remonter cette pratique à 2019. «Nous avons payé des gens pour faire cela pour nous, de façon systématique.»
«Spotify est devenue une machine à cash pour les gangs.»
Selon lui, les gangs convertissent leur argent sale en bitcoins, qui servent à rémunérer des gens qui génèrent de faux streams. «Svenska Dagbladet» assure qu’en Suède, un million de streams génère entre 40’000 et 60’000 couronnes suédoises (de 3200 à 4800 francs).
L’enquêteur de police cité par le journal assure qu’il a contacté Spotify à ce sujet en 2021, mais que l’entreprise n’a jamais répondu. «Spotify est devenue une machine à cash pour les gangs», dit-il.
La plateforme proteste
La plateforme numéro un mondiale de la musique en ligne s’est défendue, disant faire le maximum pour lutter contre les faux streams, et juge qu’il s’agit «d’un défi pour tout le secteur». «Moins de 1% du total des streams ont été détectés comme étant artificiels et rapidement déclassés avant tout paiement», a ajouté Spotify, précisant ne pas avoir connaissance d’une prise de contact par la police.
La Suède peine à endiguer depuis plusieurs années une guerre des gangs, qui se disputent le trafic d’armes et de drogues à coups de fusillades et d’attaques à l’engin explosif.