Droits humainsÉgypte: il sera jugé pour un simple tweet
Hossam Bahgat, journaliste et directeur d’une ONG locale, sera jugé le 2 novembre prochain pour l’un de ses tweets. Il est accusé de «diffamation» envers les autorités électorales.

Hossam Bahgat est accusé d’avoir «diffamé» les autorités électorales en évoquant de potentielles fraudes lors des législatives de 2020.
AFPSon procès devait débuter aujourd’hui mais l’Égypte jugera finalement Hossam Bahgat le 2 novembre prochain. Ce directeur d’une ONG locale des droits humains passera devant la justice pour un tweet critiquant les autorités électorales, selon son avocate. La brève arrestation en 2020 de plusieurs membres de son ONG, l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), puis l’inculpation en juillet de Hossam Bahgat lui-même, qui demeure en liberté, avaient provoqué un tollé à l’étranger.
Poursuivi pour «diffamation»
Fondateur de l’EIPR et journaliste, il est accusé de «diffamation» envers les autorités électorales pour avoir évoqué de possibles fraudes lors des législatives de 2020, sur ses comptes personnels Facebook et Twitter, a indiqué à l’AFP son avocate Hoda Nasralla. Il est également poursuivi pour «diffusion de fausses rumeurs», deux chefs d’inculpation qui peuvent mener à des amendes et des peines de prison.
«Nous allons présenter à la cour des rapports et des informations publiées par des personnes impliquées dans les élections» pour appuyer les propos de Hossam Bahgat, a ajouté Hoda Nasralla, elle aussi membre de l’EIPR. Les législatives de 2020 s’étaient conclues sur une victoire écrasante des partisans du président Abdel Fattah al-Sissi. L’audience de mardi est la première et le verdict ne devrait pas être annoncé ce jour.
Déjà interdit de quitter l’Égypte
Dans le cadre d’une autre affaire, le militant est déjà interdit de quitter l’Égypte et ses avoirs ont été gelés, selon les Nations unies. En juillet, le département d’État américain avait estimé que Hossam Bahgat ne devait pas être «pris pour cible pour avoir pacifiquement exprimé son opinion».
Le président Joe Biden, lorsqu’il était candidat, avait promis de ne plus donner de «blanc-seing» sur la question des droits humains au président Sissi, un proche allié de son prédécesseur Donald Trump. Mais le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu en juin en Égypte, saluant Abdel Fattah al-Sissi pour avoir permis d’établir un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
En mars, 31 pays avaient exhorté l’Égypte à cesser d’user de sa législation antiterroriste pour museler l’opposition et maintenir indéfiniment ses critiques en détention préventive dans un pays qui compte plus de 60’000 détenus d’opinion, selon des ONG.
Patrick Zaki, chercheur sur les questions de genre et qui appartient également à l’EIPR, est lui en détention depuis début 2020 lorsqu’il avait été arrêté pour «terrorisme» à son retour d’Italie, où il étudiait.
Version originale publiée sur 20min.ch