Tué par la police à Morges«Les policiers ont agi au plus près de leur conscience»
Un Suisse de 37 ans a été abattu lundi en gare de Morges (VD). Le Commandant de la police régionale, patron des intervenants et du tireur, défend ses troupes.

Un seul mot est sur toutes les lèvres: bavure policière. Depuis lundi soir, depuis qu’un Suisse de 37 ans, domicilié dans le canton de Zurich, a été visé et tué par un policier de la Police Région Morges (PRM), les réseaux sociaux pensent avoir déjà résolu une enquête qui durera, en réalité, des mois. Vers 18h, la PRM se déplace à la gare de Morges. Un individu décrit comme «agité» serait sur un quai en train de prier. Deux patrouilles se rendent sur place. Quatre agents, dont deux en première ligne, grimpent sur ledit quai et se retrouvent effectivement face à un homme. Il aurait un couteau à la main, selon la police cantonale et le Parquet.
Géré par les «affaires spéciales»
Le trentenaire avance vers eux rapidement, les fait même reculer. Les deux policiers sortent leurs armes, font la sommation d’usage «Stop. Police». L’un d’eux vise et tire plusieurs fois. L’assaillant s’écroule. Malgré le massage cardiaque prodigué d’abord par les agents, puis par les ambulanciers et un médecin du SMUR, l’homme décède sur place. Une version controversée par une source proche de l’enquête: la victime aurait été menottée et serait restée face contre terre 3 ou 4 minutes avant qu’on ne la secourt.
Policiers en danger de mort?
La procureure de service Sophie Rodieux de l’arrondissement de La Côte a hérité dans un premier temps de l’affaire. Cette dernière a très vite été reprise par la Division des affaires spéciales du Ministère public central vaudois et le procureur général adjoint, Laurent Maye. Contacté, le Parquet «n’a en l’état aucune information à communiquer et se réfère aux éléments déjà transmis par la Police cantonale vaudoise».
À ce stade, nos interrogations resteront donc sans réponse. La vie des policiers a-t-elle été mise en danger? Combien de coups ont été tirés (2 ou 3?) et dans quelle partie du corps? D’abord dans les jambes pour le stopper dans sa course? Qui est cet individu «agité»? Et de quelle agitation parle-t-on? Que faisait-il là? Est-il connu des services de police?
«Aucun policier ne souhaite vivre ça»
Sur le terrain, quatre policiers. Trois hommes et une femme qui sont montés sur le désormais fameux quai pour gérer ce quidam «perturbé». «C’est l’instruction du Ministère public qui est au centre actuellement. Je ne peux donc pas m’exprimer sur les détails de l’intervention». Le Commandant de la Police Région Morges Clément Leu ne nous dira rien de plus sur l’événement qui s’est déroulé hier soir vers 18h à la gare de Morges. Au regard de ce drame humain, il tient à souligner avoir «une pensée émue pour la victime, sa famille et ses proches».
Il accepte en revanche de parler de l’état de ses troupes, bouleversées. En particulier de ceux qui ont fait face à l’individu qui brandissait un couteau sur le quai desservant les voies 4 et 5: «Les intervenants ont agi au plus près de leur conscience professionnelle en fonction de la situation à laquelle ils ont été confrontés. Une situation qu’aucun policier ne souhaite vivre, même s'il est porteur d’une arme».
«Ils ont fait leur travail»
«J’ai bien sûr eu des contacts avec eux. Ils ont le sentiment d’avoir fait leur travail, encore une fois au plus près de leur conscience. Nous collaborons en toute transparence avec le Ministère public. Il est évident que l’on ne vit pas des événements de cette envergure et aussi rares sans une charge émotionnelle forte», ajoute le Commandant Leu.
Précisément comment vont ses agents? «Ils vont comme on peut aller en pareille circonstance. Ils sont secoués. Ça, c’est la charge du moment, ils la gèrent. Mais nous les soutenons et allons les soutenir sur le long terme. Il faudra digérer et l’on ne sait jamais combien de temps cela peut prendre. Il y aurait pu aussi avoir un blessé ou un mort chez nous», note encore le haut gradé.