Suisse«Notre armée est archaïque et serait battue en quelques jours»
Selon un expert en stratégie militaire, l’armée suisse ne pourrait tenir face à une attaque comme celle subie par l’Ukraine, faute de matériel moderne.

Certains blindés, comme des M-113, on été acquis durant les années 60.
Schweizer ArmeePour Albert A. Stahel, professeur en stratégie militaire à l'Université de Zurich, «notre armée est archaïque. En cas d'attaque comme celle que subit l'Ukraine, la Suisse ne tiendrait que quelques jours. Notre armée n’aurait aucune chance, car elle devrait se battre avec de vieilles armes.» Ce constat, fait dans la «SonntagsZeitung» du jour, repose sur l’inventaire actuel de notre armée que l’on peut consulter sur internet. Il est entre autres encore constitué de canons antiaériens acquis dès 1963, pendant la guerre du Vietnam. À quoi s'ajoutent des chars de grenadiers et des obusiers blindés des années 60 et 70, entre-temps déjà exposés dans des musées militaires, relève le journal dominical. Quant aux Tiger, avions de combat vieux de 40 ans, même au Département de la défense (DDPS), on admet qu'ils n'auraient «aucune chance» face à un adversaire moderne.
Selon la «SonntagsZeitung», c’est presque l’ensemble des systèmes d'armes du pays qui a pris de l'âge. Ainsi, au cours de la prochaine décennie, il faudra remplacer avions de combat, chars, artillerie, chars de grenadiers à roues et la défense antiaérienne. Albert A. Stahel estime aussi que le pays manque de concepts et de structures clairs. Et il critique le fait que de nombreux chars et obusiers ont été vendus ou mis au rebut par le passé et que le pays n’ait pas d'hélicoptères de combat.
L’expert est donc plus pessimiste que Thomas Süssli, le chef de l’Armée suisse. Celui-ci avait récemment laissé entendre dans une interview qu'avec les moyens actuels «la fin n’arriverait qu'après quelques semaines».
Manque d’alimentation et d’équipement
Dominik Knill, président de la Société des officiers, déclare à la «SonntagsZeitung» qu’en principe, l'armée suisse fonctionne et fait du bon travail. Il évoque toutefois des lacunes en matière d'alimentation et d'équipement. Il demande aux politiques de débloquer les moyens financiers nécessaires (lire encadré ci-dessous) pour que l'armée puisse être rénovée et développée: «À une époque où la politique de force brutale viole de manière flagrante le droit international dans les guerres inter-étatiques, il s'agit de tirer le meilleur parti des moyens disponibles », estime-t-il.