Football - Un ancien du PSG préfère l’amputation aux douleurs

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FootballUn ancien du PSG préfère l’amputation aux douleurs

Bruno Rodriguez est passé sur le billard la semaine dernière pour se faire couper la jambe droite. Le Français souffrait le martyre en raison des infiltrations subies durant sa carrière.

Chris Geiger
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Chris Geiger
Bruno Rodriguez, ici en juillet 1999, a porté les couleurs du PSG durant

Bruno Rodriguez, ici en juillet 1999, a porté les couleurs du PSG durant 

AFP

C’est une histoire qui, on l’espère, permettra aux footballeurs d’ouvrir les yeux sur certaines pratiques douteuses faisant partie intégrante de leur quotidien. Devant faire face à des douleurs continues depuis une quinzaine d’années, Bruno Rodriguez s’est résolu à passer par la case opération. Une intervention chirurgicale tout sauf banale puisque le Corse de 49 ans a demandé aux médecins d’amputer sa jambe droite.

L’ancien attaquant passé par Bastia, Metz, Lens ou encore Paris a opté pour ce choix radical en raison du supplice qu’il vivait depuis la fin de sa carrière sportive, prise en 2006, en raison d’une énième blessure à la cheville droite. Une véritable torture que le Tricolore a attribuée aux nombreuses infiltrations qu’il a subies durant ses années en professionnel.

«Quand je jouais, j'ai eu beaucoup d'entorses de la cheville, s’est remémoré Bruno Rodriguez dans un témoignage fort en émotions accordé à L’Equipe. J'avais tout le temps envie de jouer, pour les petits comme pour les grands matches, donc on me faisait des infiltrations. Et ça laisse des traces. La cortisone qu'on m'injectait, c'est connu, ça ronge le cartilage, et s'il n'y a plus de cartilage, ça couine à l'intérieur. Nous, en tant que footeux, on n'est pas forcément au courant des conséquences. C'est sûr que si on m'avait expliqué, j'aurais dit que je laissais passer le match à venir…»

Amener à la réflexion

C’est d’ailleurs pour sensibiliser la nouvelle génération que l’ancien avant-centre (69 buts en 234 matches de Ligue 1) a décidé de rendre public son malheur. Il espère que sa situation amène à réfléchir.

«Bien sûr que j'ai des regrets, a-t-il confié. Si on m'avait dit que ça allait m'amener là, j'aurais dit non. Tu joues et on ne te dit pas que tu dois te reposer. Mais je n'en veux à personne. Il faut que ça serve. Que j'aie été amputé, on s'en fout. Mais il faut que ça fasse un choc. Sensibiliser les jeunes. J’essaie de trouver une solution pour savoir ce que je peux faire, soit une association, soit une fondation, pour créer quelque chose. Mais j'ai besoin que les clubs adhèrent. Je ne veux pas m'arrêter là. Mon exemple doit servir au monde sportif. On ne veut pas faire du sport pour être handicapé après.»

Car, même s’il n’était pas encore amputé, Bruno Rodriguez était bien infirme depuis plusieurs années, lui qui ne se déplaçait plus qu’avec des béquilles.

«Je n'avais plus d'autonomie, a glissé l’ancien directeur de Bastia-Borgo. Je ne pouvais plus conduire. Ma femme était obligée de me laver. Je ne pouvais plus travailler, donc il n'y avait plus de rentrée d'argent. Ça a fait des dégâts importants dans ma vie. Je n'ai pas pu profiter de mes enfants. Je ne pouvais plus rien faire, je restais à la maison. On ne sert plus à rien. Je n'étais pas forcément déprimé. Enfin, je le pensais. Mais je ne faisais que manger. J'étais facilement irritable. Ce n'était plus une vie pour ma femme. Si elle n'avait pas été là, j'aurais pu faire une connerie.»

Avant d’arriver à une telle extrêmité, Bruno Rodriguez, qui a subi douze opérations depuis qu’il a raccroché ses crampons, a pris conscience qu’il devait agir.

«J’ai demandé aux médecins de couper»

Bruno Rodriguez, ex-footballeur professionnel

«Lors de l'avant-dernière opération, on m'a enlevé la malléole, a expliqué l’ex-joueur du PSG. Ça a engendré une tumeur. Elle était bénigne, mais elle aurait pu se transformer. Il y a un mois et demi, on a fait une dernière réunion avec les médecins. Je leur ai demandé de couper. Même s'il reste une douleur, au moins, je pourrai marcher normalement avec une prothèse, je pourrai être indépendant.»

L’ancien attaquant, passé par l’Angleterre et l’Espagne de manière éphémère, a fait montre d’un courage incroyable à l’heure d’acter un choix atroce dans les deux cas de figure. Gageons que cet acte de bravoure sera remonté jusqu’aux oreilles des clubs et des instances dirigeantes du football.

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