Motocyclisme«C’est la victoire de Fausto»
En remportant son premier succès en MotoGP, l’Italien Enea Bastianini a
rendu un formidable hommage à un grand Monsieur de la course, Fausto
Gresini, décédé il y a une année du Covid-19.

«C’est la victoire de Fausto»: Carlo Pernat, le manager d’Enea Bastianini, a levé les yeux – mouillés – vers le ciel. La course est terminée depuis bientôt deux heures, mais l’émotion est toujours présente. Parce que chacun a compris que l’histoire était belle. Parce que même ceux que Bastianini a battus sont contents.
Le 23 février 2021, Fausto Gresini, soixante ans depuis un mois, perdait son combat face au Covid 19. Double champion du monde 125 cm3 dans les années quatre-vingt, il avait d’abord adoubé Loris Capirossi comme son successeur, alors qu’il était encore lui-même pilote. Avant de créer une structure qui allait connaître la gloire mondiale, mais aussi des drames douloureux, comme les accidents mortels du Japonais Daijiro Katoh à Suzuka et celui de Marco Simoncelli à Sepang.
Malgré ces coups terribles, Gresini, sa famille et un petit groupe de fidèles, ont toujours relevé la tête. Et cette philosophie, ce courage, sa veuve Nadia Padovini et leurs enfants ont décidé de les perpétuer lorsque Fausto s’en est allé. Deux mois et demi après le décès, Fabio di Giannantonio avait rendu un poignant hommage au disparu en remportant le GP d’Espagne Moto2, à Jerez de la Frontera.
Dimanche soir, sous les projecteurs du GP du Qatar, Enea Bastianini a fait encore mieux: il a gagné en MotoGP, dans la classe reine du sport motocycliste. «Ce soir, depuis le ciel, Fausto n’a pas cessé de me pousser», dira le vainqueur au pied du podium.
Y a-t-il le feu chez Ducati?
Une Ducati Desmosedici a brillamment remporté le premier GP de la saison 2022. Mais la moto de Bastianini est une GP21, soit la machine qui avait permis à «Pecco» Bagnaia de longtemps inquiéter Fabio Quartararo pour le titre l’an dernier.
«Soudainement, quelque chose n’a plus fonctionné au niveau électronique, nous ne nous attendions pas à cela»
Les GP22? Celle de Jack Miller a connu un souci technique, Bagnaia est tombé avec la sienne, emportant dans sa mésaventure celle de Jorge Martin; Johann Zarco partait de trop loin pour espérer mieux que sa huitième place, alors que Luca Marini se classe treizième. «Soudainement, quelque chose n’a plus fonctionné au niveau électronique, nous ne nous attendions pas à cela. A certains endroits, j’ai commencé à perdre énormément de temps; ainsi, dans l’ultime virage, tout le monde m’a passé. J’ai tout essayé, j’ai testé les différents «mapings», en vain», explique Jack Miller.
Chez Ducati, on précisait dans la soirée que le problème avait été découvert et résolu…
La phrase du soir: Fabio Quartararo

Fabio Quartararo.
AFP«Je ne peux pas être confiant après une course de ce genre»: le champion du monde 2021 Fabio Quartararo termine neuvième, battu dans les derniers mètres pour la huitième place par son compatriote Johann Zarco: «L’an dernier, nous avions gagné les deux courses de Losail (Maverick Viñales la première, Quartararo la seconde) et aujourd’hui, nous terminons la course derrière toutes les autres marques (deux Ducati, deux Honda, deux Suzuki, une KTM et une Aprilia). Notre puissance n’est tout simplement pas égale à celle des autres; je ne suis pas un ingénieur, mon travail est de rouler à 100% et de me concentrer sur chaque couse, peu importe les conditions. Mais ce qui est certain, c’est que je suis préoccupé.»
L’œil de l’expert

Thomas Lüthi dans son nouveau rôle de de team-manager.
freshfocusThomas Lüthi a vécu deux grandes premières, dimanche au Qatar: son premier GP de team-manager (Carlos Tatay a été descendu dès le premier tour par son compatriote Sergio Garcia, Xavier Artigas terminant dixième de la course Moto3) et son premier direct comme expert auprès de la télévision alémanique.
Une première réussie, selon le principal intéressé et Claude Jaggi, le commentateur de SRF: «Je crois que notre duo a bien fonctionné, même si nous avons encore des choses à régler. Ce qui est formidable avec un tel consultant, c’est qu’il sent tellement la course qu’il précède les événements. Ainsi, alors que Pol Espargaró comptait encore plus d’une seconde d’avance sur Bastianini, il a tout de suite vu et expliqué pourquoi la course était perdue pour l’Espagnol.»