Horlogerie: «Je n’ai pas porté préjudice à mon employeur»

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Horlogerie«Je n’ai pas porté préjudice à mon employeur»

Swatch Group réclame 60 millions de dédommagements à trois anciens employés et à la veuve d’un quatrième, mais c’est le volet pénal qui se joue cette semaine.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
La marque horlogère Tissot estime avoir été lésée.

La marque horlogère Tissot estime avoir été lésée.

lematin.ch/Vincent Donzé

Entamé lundi, le procès de trois anciens collaborateurs de Tissot et de CK Watch & Jewelry et de la veuve d’un quatrième se poursuit à La Chaux-de-Fonds. Les montants articulés devant le Tribunal criminel des Montagnes et du Val-de-Ruz sont vertigineux: les conclusions civiles de Swatch Group dépassent les 60 millions de francs en lien avec Tissot et à 500 000 francs en lien avec CK Watch & Jewelry. Des montants qualifiés d’«astronomiques» par les avocats de la défense, mais c’est le volet pénal qui se joue cette semaine.

Mardi, le Ministère public a réclamé des peines de prison de deux, trois et quatre ans, avec des sursis partiels. Le principal accusé gérait ses sociétés à Hong Kong. Juridiquement, il n’est qu’un complice, mais c’est lui l’instigateur, celui qui a arrosé les trois autres prévenus, dont l’un est décédé.

Sommes colossales

Selon l’accusation, les prévenus ont encaissé des sommes colossales sans les mentionner à leur employeur: 13,2 millions pour l’un, 800 000 francs pour l’autre…

Les prévenus ont-ils porté préjudice à leur employeur en choisissant comme fournisseurs les sociétés chinoises appartenant à l’accusé principal? Telle est la conclusion du Ministère public, selon qui Swatch Group n’a pas pu obtenir de rabais en lien avec les volumes octroyés entre 2006 et 2015.

Mécène chinois

Parmi les trois collaborateurs choyés par leur mécène chinois, deux étaient responsables qualité de leur marque respective, le troisième étant responsable des commandes chez Tissot. Le procès se déroule après deux reports et comme la procédure dure depuis huit ans, certains délits comme le blanchiment d’argent et la violation de la loi sur la concurrence déloyale sont prescrits.

«Je n’ai pas porté préjudice à mon employeur», a déclaré un prévenu cité par «Arcinfo». Un argument valable aussi pour un horloger qui a profité de six voyages en famille. CK Watch & Jewelry est depuis passé aux mains de la société américaine Movado.

Différents produits

Selon un prévenu cité par «Le Temps», les chèques reçus n’ont pas influencé le choix des sous-traitants, les fournisseurs étant sélectionnés collégialement avec les responsables des différents produits.

Établi désormais au Vietnam, le principal accusé est âgé de 51 ans. Il dit avoir versé de l’argent aux autres prévenus par amitié, pour les remercier de l’avoir introduit dans les marques horlogères du Locle et de Bienne. «On voudrait tous un ami comme lui», a estimé la procureure Vanessa Guizzetti Piccirilli, citée par «Le Temps». Jugement vendredi, en principe.

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