FootballTibert Pont, du terrain au micro
Après avoir œuvré en plateau, l’ex-Servettien a commenté son premier match en direct dimanche pour blue Sport. Il parle de cette expérience.


Tibert Pont pour sa première «live» au commentaire, en consultant, au côté de Laurent Gorgerat. C’était dimanche lors de Bâle-Servette.
Ldd«Cette fois, je suis vraiment passé de l’autre côté de la barrière.»
Tibert Pont a des sourires dans la voix. Un peu comme au sortir d’un match, quand tout s’était bien passé. Avec presque 300 rencontres disputées avec la première de Servette, sans oublier le parcours à l’académie grenat, le milieu de terrain a souvent souri. Avant de raccrocher les crampons en 2019, après deux sauts de puce à Nyon et Carouge. Mais chassez le naturel…
C’est au triple galop que Tibert Pont a répondu positivement à l’intérêt de blue Sport il y a plusieurs mois déjà. Pour commencer, il s’agissait d’être présent en plateau, pour analyser, disséquer, expliquer les matches diffusés. Mais dimanche, à l’occasion de Bâle-Servette, changement de programme: Tibert était au côté de Laurent Gorgerat au Parc Saint-Jacques pour commenter en direct le choc. Une première pour l’ex-Servettien qui vient de fêter ses 39 ans.
«Je n’ai pas le sentiment d’avoir versé dans le favoritisme pro-Servette, à cause de mon passé»
«Oui, l’autre côté de la barrière, reprend-il. Il faut transmettre un ressenti, évoquer en direct, sur l’instant, les éléments techniques, la tactique aussi.» Pas de problème, il connaît bien son sujet. Et particulièrement bien avec un Bâle opposé à Servette, son club de toujours.
Savoir prendre du recul
«Rester objectif, savoir prendre de la hauteur: oui, c’est le but, lance-t-il. Je n’ai pas le sentiment d’avoir versé dans le favoritisme pro-Servette, à cause de mon passé. Quand les Bâlois ont inversé la tendance pour mener 2-1, j’ai souligné que c’était logique eu égard à la pression qu’ils exerçaient. Mais nous avons sans doute vibré un peu plus pour le club romand, face à une équipe suisse-allemande. C’est compréhensible.»
Le test d’objectivité: penalty ou pas penalty pour Servette à la 96e, quand Fabian Frei touche la balle du bras? «Compliqué à dire, avoue Pont. À vitesse réelle, on ne le voit pas. C’est la VAR qui intervient, elle est là pour ça. Après, tout est complexe: Frei ferme les yeux, il n’y a pas d’intention de toucher la balle du bras. Mais en même temps, ce bras est en l’air, haut. C’est dur de se faire un avis, je suis encore partagé sur la question. Mais il y a un règlement et il a été appliqué.» Simple. Test passé.
La même concentration?
Jusqu’à cette expérience, un match pour lui c’était: une préparation physique, une projection mentale, une concentration sur l’événement, avant et pendant les nonante minutes. Et maintenant? «Concentré aussi, mais pas de la même manière, explique Tibert. Sur le terrain, tu n’as pas le temps d’apprécier l’ambiance autour, tu es dans ta bulle. Là, depuis les tribunes, c’est différent.»
Il faut dire qu’il s’était déjà frotté au commentaire en direct. Mais dans un autre style, un peu plus déjanté. C’était pendant le confinement, quand personne ou presque ne pouvait aller au stade. Sur les chaînes YouTube et Facebook du Servette FC, les deux ex-Grenat faisaient vivre le match à leur façon.
L’expérience avec Vitkieviez
«Oui, c’était un peu décalé, un exercice de style puisque le public ne pouvait pas voir le match, mais seulement notre image en train de commenter, rigole Pont. Cela dit, c’était tout de même du commentaire.» C’était festif, emporté, joyeux, théâtral aussi. Savoureux, toujours.
Bonne voix, idées claires, sens du timing et des «mouvements» d’un match: Tibert Pont a été bon, lors de Bâle-Servette. «J’ai pris du plaisir, oui». Le plaisir, il le trouve aussi en restant plus proche encore du terrain. «Je suis l’adjoint de Geoffrey Tréand, l’entraîneur de la deux, à Étoile Carouge», dit-il. De quoi rester affûté, mentalement et physiquement. Avant le prochain match, au micro.