Hommage - Genecand: «On est dur avec les faibles et faible avec les forts»

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HommageGenecand: «On est dur avec les faibles et faible avec les forts»

L’ancien conseiller national Benoît Genecand (PLR/GE), décédé mercredi, avait passé quatre années à Berne, où il n’avait pas gardé sa langue dans sa poche. Souvenirs émus.

Eric Felley
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Eric Felley
Après son passage à Berne, le Genevois constatait: «La Suisse n’est pas un pays libéral, mais clanique avec des paysans, des syndicats et tant de secteurs économiques».

Après son passage à Berne, le Genevois constatait: «La Suisse n’est pas un pays libéral, mais clanique avec des paysans, des syndicats et tant de secteurs économiques».

Laurent Crottet

L’ancien conseiller national Benoît Genecand est décédé mercredi à l’âge de 57 ans. On le savait gravement atteint dans sa santé depuis qu’il avait renoncé à se représenter pour le PLR genevois. Il avait siégé de 2015 à 2019 au Conseil national. Aujourd’hui toute la classe politique genevoise rend hommage à cet homme érudit, iconoclaste et frondeur. Les élus PLR lui rendent hommage, alors que bien souvent Benoît Genecand prenait la tangente par rapport à la ligne du parti, notamment avec son opposition à la libre circulation.

Il avait notamment défendu les quotas de femmes dans les conseils d’administration lors d’un vote épique en juin 2018 qui s’était terminé par 95 voix à 94 en faveur des quotas. Lors de ce débat, il avait pris la défense d’Alice Glauser (UDC/VD) qui s’était abstenue, alors que tout son groupe faisait bloc contre. Elle s’était fait remettre à l’ordre devant tous les parlementaires par le chef du groupe, Thomas Aeschi (UDC/ZG). Benoît Genecand avait alors publié la photo d’un mouton avec une chemise edelweiss pour caricaturer les élus agrariens.

La caricature de l’élu UDC en mouton publiée en 2018 par Benoît Genecand.

La caricature de l’élu UDC en mouton publiée en 2018 par Benoît Genecand.

DR

«C’est la faillite du capitalisme!»

Lors de sa dernière session, en septembre 2019, il avait fait le bilan pour lematin.ch de ces quatre années passées à Berne. Encore une fois en porte-à-faux avec son parti, il avait déposé une initiative parlementaire qui demandait que les cinq grandes banques helvétiques, considérées comme «too big too fail», redeviennent «small enough to fail». Assez petite pour faire faillite… Il disait alors: «Cette conception du «too big too fail» est profondément anticapitaliste, c’est la faillite du capitalisme!»

Mais il ne faisait pas d’illusions sur la chance de sa proposition: «Les banques sont toutes-puissantes en Suisse. Pendant ce temps, on met des détectives pour contrôler des rentiers AI… Dans ce pays, on a de la dureté avec les faibles, mais de la faiblesse avec les forts. La Suisse n’est pas un pays libéral, mais clanique avec des paysans, des syndicats et tant de secteurs économiques. Tous ont des représentants dans des commissions, où les conflits d’intérêts sont les plus grands! Ils les choisissent d’ailleurs pour cela…»

Seul contre tous!

Une dernière anecdote en septembre 2019. Le Conseil des États avait accepté une motion de Géraldine Savary (PS/VD), qui demandait que les interprofessions et autres organisations de producteurs agricoles puissent engager «des agents de vigilance pour renforcer la lutte contre les fraudes». Après un débat à sens unique, où tous les groupes soutenaient l’idée, le Conseil national a voté: 166 voix pour et 1 contre, celle de Benoît Genecand…

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