«Usage excessif de la force»Gerald Darmanin devra se défendre devant les parlementaires
Le ministre français de l’intérieur devra s’expliquer mercredi devant les députés puis les sénateurs pour, entre autres, sa gestion des manifestations contre la réforme des retraites en France.

Gérald Darmanin défendra pied à pied mercredi devant les députés puis les sénateurs sa gestion des manifestations, sous le feu des critiques en France et à l’étranger qui lui reprochent un recours excessif à la force.
«Usage excessif de la force»
Les images des violences qui ont émaillé les plus récentes des manifestations contre la réforme des retraites et, plus encore, celles des affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d’eau le 25 mars dans les Deux-Sèvres ont ravivé la polémique sur le maintien de l’ordre à la française. A Sainte-Soline, 47 gendarmes ont été blessés, selon les autorités. Les organisateurs ont fait état de 200 blessés parmi les manifestants, dont quarante grièvement. L’un d’entre eux était toujours dans le coma.
S’il y a constaté la présence de «groupes ultraviolents», le rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a jugé dans «Le Monde» la réponse des forces de l’ordre «largement disproportionnée». Le Conseil de l’Europe s’est lui alarmé d’un «usage excessif de la force».
«Renverser les valeurs»
Pour tenter de désamorcer les critiques, le ministre de l’Intérieur s’est démultiplié ces jours derniers dans les médias, avec la même argumentation.
Les violences policières ne sont pas systémiques et «jamais» il «n’a eu la main qui tremble pour ceux qui déshonorent leur uniforme», a-t-il déclaré au «JDD», soulignant que «111» policiers et gendarmes avaient été sanctionnés pour «usage disproportionné de la force» en 2021.
Il a également mis en avant la «violence» de certains manifestants et pointé du doigt l’extrême gauche avec la France insoumise qui «déteste la police». «Je refuse de céder au terrorisme intellectuel de l’extrême gauche qui consiste à renverser les valeurs: les casseurs deviendraient les agressés et les policiers les agresseurs».
Le maintien de l’ordre «politisé» en France
«Depuis, ça s’est durci avec le (recours à l’article) 49.3, mais il n’y a pas eu d’usage massif du LBD et des grenades», note M. Fillieule. «Si la riposte est démesurée, on crée plus de désordre qu’on ne le réduit». Un haut gradé de la police nationale fait valoir auprès de l’AFP qu’avec «la présence plus massive de radicaux», les forces de l’ordre interviennent «plus massivement pour faire baisser la tension» dans les manifestations. «Au début du mouvement, il n’y avait aucune raison d’être au plus près».
Le maintien de l’ordre a toujours été un sujet extrêmement inflammable en France. Pas étonnant selon le sociologue, pour qui «la France est le pays d’Europe où (il) est le plus politisé, c’est-à-dire utilisé par le politique à des fins politiques».
Les joutes verbales entre Gérald Darmanin et le chef de LFI Jean-Luc Mélenchon en sont une illustration. Le premier accuse le second d’être un «pyromane» et le second reproche au premier «une volonté de dramatiser pour créer (un) parti de l’ordre».