US OpenKilian Feldbausch: «Mon dernier tournoi chez les juniors»
Le Genevois, éliminé en quart de finale de l’US Open au lendemain de son 17e anniversaire, a décidé d’aller se frotter au monde des adultes dès cet automne.


Kilian Feldbausch a disputé son dernier match en simple chez les juniors sur le court No 12 à Flushing Meadows.
IMAGO/Paul ZimmerKilian Feldbausch, l’un des plus prometteurs espoirs du tennis suisse, a été éliminé jeudi en quart de finale de l’US Open junior par le Hongkongais Coleman Wong (6-2 6-7 6-4 en 2 h 25), puis s’est incliné en double aussi. Avant de reprendre l’avion pour Genève, il s’est confié un moment aux pieds du monumental stade Arthur-Ashe. Avec une annonce à nous faire: il s’agissait de son dernier match chez les «petits». Dès cet automne, il ira batailler sur les tournois Futures et Challengers, dans l’espoir de donner un nouvel essor à sa carrière naissante.
Quel regard portez-vous sur cette élimination en quart de finale?
Être allé jusqu’en quart ici, c’est assez bien, même si j’aurais évidemment préféré aller plus loin. Franchement, je n’ai pas montré un gros niveau de tennis aujourd’hui (ndlr: jeudi). J’ai commis pas mal de fautes par rapport aux tours précédents, je ne me sentais pas au top sur le court. Il y avait la fatigue due au gros match de la veille (ndlr: victoire mercredi 7-6 4-6 6-4 face à l’Américain Michael Zheng).
Vous avez demandé un temps mort médical après le premier set, ce qui ne vous a pas empêché de gagner le deuxième et de lutter dans le dernier. Quel est le souci et à quel point a-t-il pesé sur l’issue du match?
J’ai quelques problèmes à la hanche, qui s’était bloquée sur une glissade la semaine dernière au Canada, raison pour laquelle je m’étais retiré après un match. Quand je suis arrivé ici, j’avais encore de petites douleurs, même si cela allait de mieux en mieux après avoir vu le physio en arrivant à New York. Ça a commencé à tirer à nouveau hier en double, après mon simple. Et ce matin, je le sentais à nouveau et oui, ça a un peu pesé sur le match.
«C’est quelque chose que je dois régler. Des fois, je râle beaucoup sur le terrain.»
La poignée de main avec votre adversaire n’a pas semblé très chaleureuse. Étiez-vous juste fâché contre vous-même ou aussi contre lui?
Beaucoup contre moi-même et, avec la frustration, un peu contre lui. Il criait beaucoup après les points, c’était un ensemble, qui m’a un peu agacé. Pour résumer, disons que ce n’est pas mon meilleur pote sur le circuit.
Vous avez néanmoins livré un gros combat. Arrivez-vous à tirer du positif?
Je me suis battu jusqu’à la fin, mais je suis forcément déçu. Il y avait un peu de fatigue et je n’ai pas été incroyable, au niveau de l’attitude aujourd’hui (sourire). J’étais fatigué mentalement. C’est quelque chose que je dois régler. Des fois, je râle beaucoup sur le terrain, je travaille là-dessus et ça va de mieux en mieux. Mais là, disons qu’il y a eu une rechute.
Ça a presque l’air de vous amuser…
J’ai l’habitude. J’essaie de rester le plus calme possible, à l’entraînement comme en match. Mais ça ne marche pas toujours.
À quel point êtes-vous content de votre progression, cette année?
J’ai beaucoup progressé, petit à petit. J’avais beaucoup de choses à travailler après l’Open d’Australie: le service, les montées au filet, un peu tout. J’ai disputé deux tournois chez les pros à partir de mars, avec de bons résultats (ndlr: il a notamment battu le Zurichois Marc-Andrea Huesler, alors 183e mondial et désormais 85e). Après j’ai eu une petite chute, une période de moins bien, avec une perte de confiance à partir de Roland-Garros. Je suis arrivé à Wimbledon sans trop me poser de questions, puisque je n’avais pas joué sur herbe auparavant, avec l’envie de prendre du plaisir. J’ai été assez surpris de ma performance (ndlr: quart de finale aussi) et là, je continue à progresser, donc je suis assez content.
«Il faudra rester fort mentalement, concentré, ne pas péter un câble.»
L’une des clés, c’est donc de ne pas trop se poser de questions sur un court. Comment faire?
Il faut essayer de prendre le plus de plaisir possible, simplement de jouer.
Comment envisagez-vous la suite?
Je vais rentrer à Genève pour y passer quelques jours de vacances et ensuite, j’aurai une semaine d’entraînement à l’académie Mouratoglou à Nice, avant d’enchaîner sur une préparation physique de trois-quatre semaines. Ensuite, je vais repartir en tournois chez les pros, en Futures et peut-être en Challengers - je ne sais pas encore où.
L’idée, c’est de franchir le cap, d’aller se frotter aux adultes?
Oui, cet US Open était mon dernier tournoi junior (sourire gourmand). Les juniors, c’est une expérience où on reste souvent avec ses amis, où on s’amuse. Chez les pros, pour y avoir déjà disputé quelques tournois, c’est quelque chose de très différent, dans l’attitude. Le soir, tu vas manger dehors et tu rentres te coucher à l’hôtel. Il y aura là aussi tout un travail mental à effectuer. Par rapport à l’US Open ou Roland-Garros, sur les tournois Futures, on se retrouve parfois dans des endroits pas terribles. Il faudra rester fort mentalement, concentré, ne pas péter un câble.
Dans quel sens?
Ne pas en avoir marre, ne pas s’énerver, s’accrocher.
On parle souvent d’une jungle dans cette antichambre du circuit ATP, d’un milieu très concurrentiel. Vous semblez vous réjouir, mais y a-t-il aussi une forme d’appréhension?
Non, franchement, je suis très content de passer dans le monde des grands, dès cette fin de saison, fin octobre ou début novembre.
«J’aimerais être en mesure de jouer les qualifications sur les tournois du Grand Chelem à l’horizon 2024.»
Quels sont vos objectifs pour 2023, en termes de développement et de résultats?
La première chose, c’est de continuer à travailler sur mon service, mes montées au filet, mon coup droit, un peu tous les points au niveau tennistique. Ensuite, j’ai évidemment envie d’améliorer mon classement (ndlr: il est actuellement 947e à l’ATP), de prendre des points pour être en mesure de jouer les qualifications sur les tournois du Grand Chelem à l’horizon 2024. Au niveau de mon jeu, je me montre parfois encore un peu trop passif.
Quels sont les joueurs auxquels vous auriez envie de ressembler?
J’aime bien Nadal et Alcaraz, évidemment. Mais lui, c’est quand même une exception, un animal. J’aime aussi bien Holger Rune, qui est aussi né en 2003, comme Alcaraz.
‹‹J’aime bien Nadal et Alcaraz, évidemment. Mais lui, c’est quand même une exception, un animal.››
Que vous inspire la perspective de les affronter un jour?
C’est sûr que j’aimerais bien jouer contre ces grands joueurs, surtout sur des grands courts comme ici (il lève les yeux en direction du monumental stade Arthur-Ashe). Là, je n’ai pas eu l’occasion de le voir, je n’avais pas le droit d’y entrer. Mais rien que de voir ça à la télé, d’entendre le bruit que ça fait quand ils entrent sur le terrain, c’est fou. J’aimerais bien qu’un jour, ce soit moi qui entre là-dessus.