SuisseUne évolution salariale modeste attendue en 2022
Alors que la reprise économique a été sans précédent en Suisse, différents syndicats estiment qu’il y a encore trop d’employeurs qui «continuent à réaliser des gains avec le coronavirus».
«L’économie suisse a connu une reprise sans précédent après la première année de pandémie en 2020. Dans le même temps, le renchérissement a augmenté», note Travail.Suisse dans un communiqué après sa conférence de presse avec différents syndicats et associations professionnelles (TransFair, Syna et Hotel & Gastro Union). Pourtant, cela n’a pas empêché «d’âpres négociations salariales avec les employeurs».
«Trop d’employeurs refusent de répercuter leurs bénéfices sous forme de salaires plus élevés pour leurs salariés. C’est un affront pour ces derniers, surtout au vu de leur engagement supérieur à la moyenne pendant la pandémie. Ce comportement met en danger la reprise économique», explique Thomas Bauer, responsable de la politique économique à Travail.Suisse.
Différences entre les secteurs
Selon les informations disponibles à ce jour, «les résultats des négociations salariales présentent un tableau contrasté pour l’année à venir». Trois secteurs ont des résultats suffisants à satisfaisants. «Les accords salariaux dans l’industrie sont certes nettement meilleurs que l’année précédente, mais ils restent mitigés compte tenu de la situation économique bonne à très bonne dans cette branche.»
Diverses branches de l’artisanat verront également les salaires augmenter plus fortement que le renchérissement. «Dans les secteurs du transport, de la logistique et de l’administration, les résultats obtenus ont été dans l’ensemble suffisants à satisfaisants», détaille le communiqué de presse, qui souligne que «la tendance à l’augmentation individuelle des salaires plutôt qu’à l’augmentation générale se poursuit toutefois».

Aperçu qualitatif des résultats salariaux pour différentes branches d’activité.
Travail.Suisse/Capture d’écranÀ l’inverse, les syndicats dénoncent «la politique du sparadrap» qui s’est poursuivie en 2021 dans le secteur de la santé où dominent encore les augmentations individuelles de salaires. «Tout le monde sait désormais à quel point la situation est précaire dans le secteur de la santé. On a applaudi et voté avec succès. Mais dès qu’il s’agit d’argent, les portes se ferment», déclare Marco Geu, secrétaire central du syndicat Syna.
Enfin, une augmentation nulle – jugée «incompréhensible au vu du boom de la branche» – est constatée pour la deuxième année consécutive dans la construction. «Les entrepreneurs se transforment ainsi en profiteurs du coronavirus», poursuit M. Geu.
«En raison des résultats salariaux mitigés, de nombreuses branches ont besoin de rattraper leur retard pour l’année à venir», conclut le communiqué. Et pour cela, les syndicats appellent à prendre une série de mesures:
«La hausse persistante des prix exige une compensation salariale pour tous les travailleurs et travailleuses.
L’individualisation croissante des augmentations de salaire doit être stoppée. La création de valeur est élaborée en commun, ses fruits doivent également être partagés.
Certaines branches continuent à verser des salaires minimaux inférieurs à 3500 francs. L’année prochaine, il faudra prendre des mesures sérieuses pour que ces très bas salaires atteignent enfin un niveau décent.»