Deux sapins foudroyés deviennent une vache

Cinq vaches foudroyées sous deux sapins ont brisé le cœur d’un agriculteur l’été, dans un pâturage de La Ferrière. Dans cette petite commune bernoise proche de la frontière neuchâteloise, Detlev Augsburger a ruminé longtemps la perte de Kiara, Laura, Johana, Julia et Ivana.

L’agriculteur du site des Pruats a raconté au «Journal du Jura» le désarroi qui l’a miné des mois durant. «Voir ce sapin dans cet état me renvoyait sans cesse à des souvenirs qui me faisaient mal au cœur», a-t-il déclaré au «Journal du Jura». D’où l’idée d’y mettre autre chose, histoire de tourner la page.

Autre chose, mais quoi? Aux antipodes d’un élevage intensif, Detlev Augsburger a pensé tout naturellement à… une vache! Un contact a été établi avec Julien Amstutz, un jeune menuisier de Bévilard qui sait manier sa tronçonneuse et pour qui il s’agissait de sa première commande d’envergure.

Désormais, les cinq laitières frappées par la foudre ont leurs photos et leurs trophées dans une halle de stabulation libre. Ces vaches des races holstein, red holstein et jersiaise sont devenues un symbole du souvenir au bord de la route menant de La Ferrière à Mont-Soleil.

Le producteur de tête de moine a complété son troupeau d’une quarantaine de bêtes, mais les cinq vaches perdues étaient particulières: quatre étaient primées dans des expositions. L’été dernier, Julia avait mis bas la petite Jersey douze heures avant le drame. Ce veau qui a servi de modèle était la mascotte de la famille.

Le menuisier Julien Amstutz s’est basé sur une miniature pour façonner sa vache d’un mètre en deux jours. «Comme il y a beaucoup d’agriculteurs dans notre famille, je sais ce que la perte tragique d’une bête peut représenter», a déclaré l’artisan au «JdJ». Vernie, la vachette sera plus solide.