FootballUne explosion de joie qui prive Anto Grgic du derby final
Le milieu de terrain du FC Sion aurait mérité d’achever sa saison aboutie lors du match décisif de dimanche face à Servette. Sa réaction après son doublé de jeudi à Lausanne l’en prive.


Il était déjà bien trop tard pour ce malheureux poteau de corner lorsque Anto Grgic a approché. Le milieu de terrain était en état de transe. Jusqu’à laisser son bon sens au point de penalty. Son envoi était plutôt bien tiré, pour la deuxième fois de la soirée, et voir le ballon de la victoire franchir la ligne a transformé le numéro 14 sédunois. Une course euphorique jusqu’au bloc visiteur, ce «punch» qui a donc fait voler le poteau de corner trois mètres en arrière et, au milieu de tout ça, ce geste surréaliste. Grgic s’est privé du match décisif dimanche face à Servette pour s’être départi de son maillot. Avertissement, le huitième de la saison, qui équivaut à la pire des suspensions.
Il faut reprendre les choses dans l’ordre. D’abord, il y a ce doublé et cet état de transe de la 93e et du 2-1 sédunois face à Lausanne. On peut y lire une forme de justice individuelle. Qui d’autre qu’Anto Grgic pour remettre Sion dans le bon sens? L’homme au un match de Bundesliga sort d’une saison aboutie. Pas parfaite, mais qui lui a permis de prendre une dimension supplémentaire. Ses sept buts et sept assists ne disent pas tout. L’ancien de Stuttgart semble avoir forcé sa nature, s’être allégé d’une partie de sa discrétion. Est-il devenu le leader de cette équipe, à 25 ans et à la conclusion de sa cinquième saison en Valais? Un leader aurait plus finement mesuré le poids de son absence à venir avant d’enlever son maillot. Reste que, de plus en plus souvent, sa forme personnelle est directement corrélée à celle de son équipe.
Une lointaine idée du danger
Voilà d’ailleurs une stat flatteuse à son égard. Jamais le FC Sion n’a gagné un match sans lui cette saison. Sans doute parce que son influence dans le jeu avec ballon change tout. Il en a manqué cinq, auxquels on peut ajouter deux entrées en cours de partie: cinq défaites, deux nuls. Le poids de sa suspension se mesure un peu mieux ainsi. Servette n’aura plus rien à jouer dimanche, mais cela n’a jamais constitué une quelconque garantie en Valais. La rencontre de jeudi contre un Lausanne déjà relégué aurait pu n’être qu’une formalité. Mais faire simple, c’est compliqué.
Cleilton Itaitinga ne dira pas autre chose. L’ailier a mis tout le Brésil dans son pied à 0-0 pour ajouter à un but tout fait une touche de classe. Sa reprise à trois mètres du cadre pouvait ainsi prendre le chemin du poteau et laisser Sion dans le doute, toujours aux portes du barrage. Comme si l’idée du danger n’avait pas été conscientisée. Encore une fois, les Sédunois paient peut-être leur saison à l’envers, à l’abri pendant si longtemps qu’ils en ont oublié leur réalité annuelle. Celle de devoir s’accrocher jusqu’au bout. Jusqu’à la 93e minute d’un duel anormalement compliqué. Jusqu’à la dernière journée, au dernier derby du Rhône, qui devra au moins être transformé en match nul. Sans guide au milieu du terrain.