Guerre en UkraineArtiste russe jugée pour des étiquettes de prix dénonçant le conflit
Alexandra Skotchilenko collait, sur les marchandises d’un supermarché, des papiers indiquant notamment le nombre de soldats russes tués au front en Ukraine. Elle risque dix ans de prison.

Alexandra Skotchilenko est poursuivie pour «diffusion de fausses informations» sur l’armée russe, avec incitation «à la haine politique».
Capture d’écran Twitter Amnesty international FranceElle risque dix ans de prison: le procès d’une artiste russe, Alexandra Skotchilenko, arrêtée pour avoir remplacé des étiquettes dans un supermarché par des messages contre l’offensive en Ukraine, s’est ouvert, jeudi, à Saint-Pétersbourg. Plusieurs médias indépendants russes ont publié des images montrant Alexandra Skotchilenko faire un grand sourire en entrant dans la salle d’audience, menottée et escortée par deux policiers, sous les applaudissements de personnes venues la soutenir.
La jeune femme de 32 ans est poursuivie pour «diffusion de fausses informations» sur l’armée russe, avec incitation «à la haine politique», un chef d’accusation introduit après le début de l’attaque en Ukraine et passible de dix ans de prison. Jeudi, à l’audience, le procureur, cité par le média indépendant Mediazona, a affirmé que ces «fausses» étiquettes de prix relayaient notamment des estimations du nombre de soldats russes tués en Ukraine au début de l’offensive ou du nombre de victimes civiles d’un bombardement sur un théâtre, lors du siège de la ville ukrainienne de Marioupol.
Privée de son régime alimentaire
L’artiste a reconnu avoir posé ces étiquettes, mais nie sa culpabilité et assure que ses messages ne contenaient pas d’informations mensongères. «Où se trouve le crime dans la phrase "Arrêtez la guerre?"», a-t-elle demandé au procureur à l’audience, citée par SOTA, un autre média russe indépendant.
«Où se trouve le crime dans la phrase "Arrêtez la guerre?"»
Lors de sa détention, ses soutiens ont affirmé qu’elle avait eu, pendant des semaines, des problèmes de santé, car elle était privée d’un régime alimentaire nécessaire à cause d’une intolérance au gluten.
Opposants condamnés
Des milliers d’amendes et des centaines de peines de prison ont frappé des Russes ayant critiqué l’offensive en Ukraine, lancée fin février et doublée en Russie d’une accélération de la répression. Deux opposants moscovites, Ilia Iachine et Alexeï Gorinov, ont notamment été condamnés respectivement à neuf et sept ans de prison pour «diffusion de fausses informations» sur l’armée russe, la même accusation visant Alexandra Skotchilenko.
Le procès de cette dernière doit reprendre le 20 janvier.