Protection des donnéesUne firme zougoise soupçonnée de vendre des services d’espionnage
Une enquête de journalistes britanniques accuse un chef d’entreprise d’avoir proposé à des clients d’espionner les smartphones de certaines personnes via ses services informatiques.

Image d’illustration.
AFPLe cofondateur de la société zougoise Mitto AG, qui propose des solutions informatiques et travaille avec des géants de la technologie, dont Google et Twitter, est accusé d’être impliqué dans une affaire d’espionnage présumé de téléphones portables. Une enquête signée par «Bloomberg News» en collaboration avec le «Bureau of Investigative Journalism», et relayée mardi par «Blick», indique que l’homme d’affaires aurait vendu à des clients la possibilité d’espionner les smartphones de tiers.
Les utilisateurs des services de Mitto sont nombreux dans le monde entier. L’entreprise s’occupe notamment d’envoyer des SMS pour l’authentification à deux facteurs des comptes en ligne. Depuis 2013, l’entreprise zougoise est spécialisée dans l’envoi automatisé de messages, utilisés par exemple dans la vente, pour les codes de sécurité ou des rappels de rendez-vous.
L’affaire semble suffisamment sérieuse pour avoir fait réagir immédiatement les services de la Confédération. Le préposé fédéral à la protection des données et à la transparence a annoncé mardi dans la soirée avoir ouvert une enquête préliminaire. Dans un premier temps, il demandera à Mitto AG de prendre position et contactera également les opérateurs de téléphonie mobile en Suisse, écrit-il dans un communiqué.
Agences gouvernementales?
Selon l’enquête, qui dit s’appuyer notamment sur des témoignages d’anciens employés, le chef d’entreprise aurait utilisé Mitto AG pour proposer à des tiers des services de surveillance de téléphones portables. Le cofondateur de la firme aurait vendu l’accès à l’infrastructure et aux données de Mitto AG à des entreprises de surveillance privées, affirme l’article. Celles-ci ont même des agences de sécurité gouvernementales comme clients, ajoute l’enquête.
Il lui est aussi reproché d’avoir utilisé l’accès de Mitto AG aux réseaux de téléphonie mobile au niveau mondial. Ce qui lui permettrait d’obtenir des données de localisation de téléphones portables et d’autres informations privées. Interrogée par les auteurs de l’enquête, l’entreprise incriminée conteste les accusations. Mitto AG ne serait pas impliqué dans une activité de surveillance.
Selon la société, une enquête interne a été ouverte. L’existence de ce service de surveillance n’aurait été connue que par un petit nombre d’employés, disent plusieurs anciens collaborateurs, cités dans l’article. On ne sait pas pour l’heure le nom des entreprises qui auraient acheté à Mitto AG ces services de surveillance.