Matrix Awakens, c’est un film? Non, c’est une démo interactive

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HyperréalismeC’est un film? Non, c’est une démo interactive

Epic Games dévoile sur les consoles de dernière génération une «expérience» impressionnante qui préfigure une des évolutions possibles du jeu vidéo.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

Ce fut l’un des événements des Game Awards qui sont aux jeux vidéo ce que sont les Oscar au cinéma. Déclaré cette nuit «Jeu de l’année»: l’excellente production indépendante «It takes Two» éditée par Electronic Arts. La cérémonie qui s’est achevée aux lueurs de l’aube (heures suisses) ce 10 décembre s’est caractérisée par ses traditionnelles «Word Premiere» qui donnent l’occasion aux éditeurs de présenter de quoi 2022 (et parfois au-delà) sera faite.

Cette même nuit, Epic Games, concepteur et propriétaire d’un des plus avancés moteurs de jeux vidéo, a frappé très fort en débloquant une «expérience», téléchargeable sur les consoles de l’actuelle génération (PS5 et Xbox Series X|S). Elle est titrée «Matrix Awakens» ou «La matrice se réveille», si vous préférez. «Matrix résurrection», le nouveau film réalisé par Lana Wachowski sort en effet le 22 décembre prochain, il s’agit donc d’une évidente opération de marketing, chose dont Keanu Reeves s’amuse (en mode méta) dans une partie narrative de l’expérience. Malin.

Frontière brouillée

On y voit notamment Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss discourir sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas tout en présentant leurs avatars, soit les versions d’eux-mêmes 20 ans plus tôt, l’époque de la trilogie. Fort sera celui qui parviendra à déterminer à coup sûr si ce que nous voyons est totalement virtuel ou composé d’un mélange de prises de vues réelles et de création numérique.

À la partie keynote succède une course-poursuite automobile. Un extrait? Que nenni, la ville, ses habitants, sa circulation, sont calculées par le moteur Unreal Engine 5. Nous sommes ainsi dans un rail shooter à l’interactivité limitée mais à l’hyperréalisme bluffant.

La ville est à nous

C’est néanmoins la dernière partie de la démonstration de force qui impressionne le plus. La ville est alors donnée au gamer à la façon d’un «Gran Theft Auto» photo réaliste. L’avatar donné peut y déambuler en toute liberté sans limite de temps, piloter un drone virtuel et aussi emprunter un véhicule. Ses habitants donnent le change mais ressemblent tout de même, en y regardant à deux fois, à des personnages de jeu vidéo. Cela reste très troublant et le phénomène dit de la «vallée de l’étrange» – qui veut que plus on va vers le réalisme, plus ce qui reste à faire pour y parvenir totalement est ressenti – se manifeste.

On ressort de l’expérience à la fois émerveillé et un tantinet inquiet. Inquiet que dans un avenir peut-être pas si proche que cela mais certain, on ne saura plus distinguer le réel du virtuel. D’aucun y travaille. Mark Zuckerberg et son groupe Facebook devenu Meta met toutes sa force de frappe sur le concept. À ce stade, ne nous en veut pas Mark, on préfère pour notre part que ce type d’expérience en reste dans le domaine du jeu, avec des frontières bien délimitées.

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