EnvironnementLa dioxine lausannoise s’invite à Berne
La conseillère aux États vaudoise Adèle Thorens Goumaz vient d’interpeller le Conseil fédéral sur la prise en charge des coûts et l’assainissement qui s’annonce titanesque des sites contaminés de la ville.


Un panneau posé par la ville de Lausanne pour mettre en garde les habitants des risques d’une pollution à la dioxine détectée sur un site.
AFPLa nouvelle avait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel lausannois mi-octobre. Une grande partie du centre-ville est pollué à la dioxine, avait annoncé le canton de Vaud. Une pollution des sols due à l’ancienne usine d’incinération du Vallon et qui s’étend sur une grande partie du territoire de la ville. La contamination est telle que le canton a émis des mesures sanitaires pour la population concernée, notamment les propriétaires de jardins. Désormais, Lausanne doit se préparer à décontaminer. Mais devant l’ampleur de la tâche, la conseillère aux États Adèle Thorens Goumaz (Verts/VD) a décidé d’interpeller le Conseil fédéral.
La sénatrice souhaite d’abord savoir si le cas lausannois pourrait concerner d’autres lieux en Suisse, et s’il ne serait pas judicieux de vérifier l’état des sols dans les sites comparables. Mais elle demande surtout au Conseil fédéral s’il est prêt à mettre la main au porte-monnaie pour financier l’assainissement des sols. Car il existe un fonds spécial pour les sites contaminés, géré par l’Office fédéral de l’environnement. Lausanne pourra sans doute y faire appel, mais à quelle hauteur, interroge-t-elle en substance.
Nombreuses inconnues
Nettoyer ces sites contaminés sera en outre un travail titanesque vu l’étendue de la pollution. Du coup, Adèle Thorens Goumaz interroge également Berne sur les solutions existantes pour évacuer, stocker et traiter la terre «sale». «En fait, on est face à plusieurs inconnues: on ne sait pas comment on va pouvoir s’y prendre concrètement pour assainir les sols, on ne sait pas à qui s’adresser vu l’ampleur de la contamination, on ne sait pas quels sont les risques pour la santé, on ne sait pas combien ça va coûter et on ne sait pas qui va payer», résume Adèle Thorens Goumaz. «C’est une situation très difficile», regrette la sénatrice qui indique s’être concertée avec la ville et le canton pour déposer son interpellation.
En outre, un autre problème guette Lausanne. Non contente d’être confrontée à une pollution majeure, la ville doit encore faire face à des bases légales en pleine mutation. En effet, Berne a mis en consultation en mars 2019 la révision de la loi sur la protection de l’environnement ainsi que de l’ordonnance sur les sites contaminés. Et la réforme prévoit des valeurs limites de 20 nanogrammes de dioxine par kilo pour les sols, ce qui signifie que la plupart des jardins publics et privés dans le périmètre pollué de la capitale vaudoise devront être assainis.
«Je demande donc quand la révision doit entrer en vigueur», explique Adèle Thorens Goumaz. Car c’est un «enjeu vital» selon la sénatrice. La ville doit en effet savoir sur quelles valeurs s’appuyer pour déterminer les sites à décontaminer et de quel délai elle dispose pour assainir ses sols, explique-t-elle.
Un rapport exigé sur la pollution des sols en milieu bâti
Adèle Thorens Goumaz va déposer parallèlement un postulat sur la question des sols contaminés en milieu bâti. Elle demande au Conseil fédéral un rapport sur l’état des lieux des différentes pollutions des sols et des solutions existantes pour assainir les terres contaminées à la dioxine ou encore au plomb. «On s’est beaucoup préoccupé jusqu’ici de la pollution de l’air ou de l’eau, mais cela ne fait pas longtemps qu’on s’inquiète de la pollution des sols liée aux décharges et sites industriels. Et on commence seulement maintenant à s’intéresser à celle des sols en milieu bâti, là où vivent les gens», fait-elle remarquer. Du coup, le rapport doit mettre à disposition des collectivités publiques des solutions d’assainissement, avec un financement suffisant, de manière à préserver les populations exposées. «Car nous ne disposons pas d’une vue d’ensemble de ces pollutions et du risque qu’elles constituent pour la santé».