FootballPour l’instant, Servette ne paye pas sa passivité. Mais est-elle viable?
Les Grenat ont beau avoir de la peine à maîtriser le ballon et à être pressants, ils n’ont toujours pas perdu en Super League. À Bâle dimanche (1-1), ils le doivent surtout à Frick.


Quatre points en deux matches, après avoir reçu Saint-Gall et s’être déplacé à Bâle. Le bilan comptable de Servette est – jusqu’ici – très encourageant. Même s’il agit en trompe-l’œil: les Servettiens ont beau assurer vouloir proposer un jeu de possession combiné à un bloc haut, les deux rencontres ont révélé l’inverse. Et le 1-1 obtenu dimanche à Bâle grâce à un but à la 87e minute de Théo Valls sur une contre-attaque bien jouée est sorti de nulle part. Alain Geiger pourra-t-il vraiment construire là-dessus?
Les trois enseignements
L’observation vaut ce qu’elle peut valoir après seulement deux matches, mais elle est à relever: Servette joue peu, mais ne perd pas. Tant contre Saint-Gall la semaine dernière qu’à Bâle ce dimanche, les Grenat ont abandonné le ballon et se sont laissés dominer. Ce n’est pas l’ambition qu’ils ont. Mais cela leur réussit pour l’instant, non sans une certaine veine. Il n’est pas dit qu’elle persiste. Le temps venu, il faudra soit trouver des solutions pour mettre en œuvre le plan intentionnel, soit assumer et perfectionner celui qui fonctionne actuellement.
Il y a un rôle à trouver à Théo Valls dans l’équilibre servettien. Sorti du banc pour égaliser, le milieu français a rappelé son importance, lui qui entre de moins en moins dans les plans d’Alain Geiger depuis le milieu de saison dernière. «Il a été blessé en cours de saison passée et a eu plus de difficultés sur la dernière année, tempère le technicien servettien. Il a un profil plus défensif, mais on lui demande aussi de se projeter dans les 16 mètres. Je ne m’attendais pas à ce qu’il se trouve dans cette position et qu’il marque, mais peut-être qu’il prend conscience qu’il faut faire plus pour être titulaire.»
Valls, tant bien que mal, accepte: «J’aspire à jouer, à aider l’équipe. J’ai envie de retrouver un rôle plus important, mais ce sont les choix de l’entraîneur.» Lié à certaines rumeurs cet été (Saint-Étienne?), l’ex-Nîmois assure ne pas avoir demandé à partir.
Les débuts d’Alex Frei dans «son» club sont poussifs, sur le plan des résultats: Bâle a encore du boulot, en particulier sur le plan défensif. Bien sûr, on pourra arguer que les Rhénans auraient dû faire basculer le match dans leur sens si Frick n’avait pas tout arrêté ou presque, mais il y a aussi des lacunes. Notamment à la perte de balle, où Servette a trouvé des espaces pour arriver jusque dans la surface de Marwin Hitz. Frei a à sa disposition beaucoup de talent (à commencer par Wouter Burger, omniprésent à mi-terrain dimanche), mais il y a une animation collective sans ballon à penser pour espérer jouer le titre.
L’homme du match: Jérémy Frick

Impossible de poser un débat: sans un Jérémy Frick impérial dans les buts, il n’y aurait pas eu de match nul dimanche. Ses huit arrêts ont dégoûté les attaquants bâlois, au point de réaliser une prestation comme il n’en avait plus été l’auteur depuis un certain temps. Un Servette solide défensivement dépend surtout d’un Frick performant.
Le moins bon: Alexis Antunes

Il n’y a pas lieu de blâmer le nouveau numéro 10 grenat, mais simplement un constat: Alexis Antunes ne trouve pas encore sa place dans ce Servette. Et cela va au-delà de son erreur sur le but bâlois. Quelle «fonction» doit-il assumer? Est-il vraiment ce joueur capable de performer dans la densité du milieu de terrain? Est-il à même de lancer avec justesse les transitions offensives, dans l’idée où Servette aurait moins le ballon?
Tant contre Saint-Gall que contre Bâle, Antunes a eu du mal à exister. À chaque fois dans des configurations où les Genevois subissaient. Peut-être pas seulement un hasard.
La décla’
«Nous avons des jeunes joueurs, et parfois, dans les 16 mètres, ils prennent de mauvaises décisions. Il y a des moments où il faut frapper de l’intérieur du pied et ils frappent cou-de-pied. Mais je suis très, très satisfait de notre prestation: on a vu un FC Bâle qui a dominé. Reste que le résultat est difficile à accepter.»
Le fait tactique
Ce ne peut pas être qu’une coïncidence: à la fois contre Saint-Gall et contre Bâle, Servette a très vite reculé. Surtout, il a toujours éprouvé beaucoup de peine à remonter son bloc. Les Grenat vivent ce début de saison dans leurs quarante mètres, et cela explique la sensation d’une équipe qui ne fait que subir. Tant les Brodeurs que les Rhénans ont eu une certaine facilité à s’installer avec le ballon chez les Genevois.
L’explication? L’incapacité pour le bloc-équipe à gagner des mètres sur une passe négative ou latérale. La marge de progression est là énorme.
La statistique
1,68 Expected Goal on Target concédé par Jérémy Frick. Autrement dit, en se basant sur la qualité de chacun des tirs cadrés bâlois, le modèle statistique (selon Fotmob, basé sur le fournisseur de données Opta) estime que Frick «aurait dû encaisser» 1,68 buts dimanche. Puisqu’il n’en a encaissé qu’un seul, il a surperformé au Parc Saint-Jacques. Sans surprise.
L’avenir en une question

Contre Sion samedi prochain, Servette parviendra-t-il enfin à être dominant avec le ballon?
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