Conseil fédéralToutes les filles au recrutement: l’option est sur la table
Le Conseil fédéral analyse des options pour assurer un nombre suffisant de soldats. Il ne veut pas de service citoyen universel, mais songe à étendre l’obligation de servir aux femmes. Et ça n’a rien à voir avec l’Ukraine.


Avant même le début de la guerre en Ukraine et les demandes, en Suisse, d’augmenter le nombre de soldats, le Conseil fédéral s’inquiétait déjà d’un manque de soldats dans les décennies à venir. Plusieurs options lui ont été présentées et il a indiqué, vendredi, vers lesquelles il s’orientait. L’une des deux options retenues consiste à «étendre l’obligation de servir aux femmes», une solution détaillée dans un rapport et appelée «modèle norvégien».
Taxe militaire aussi pour les femmes?
«Tous les citoyens et citoyennes suisses sont astreints au service. L’armée et la protection civile choisissent ceux et celles dont elles ont besoin pour atteindre leurs effectifs et accomplir leurs tâches», détaille le rapport. Selon les estimations, «environ la moitié de tous les conscrits et de toutes les conscrites» seraient recrutés.
Et l’autre moitié, alors? La Confédération reconnaît que «il résultera une inégalité de traitement entre les personnes recrutées et les personnes non recrutées», qui doit être compensée, «soit par des incitations, soit par des désavantages». Les désavantages sont déjà connus des hommes qui ne font pas de service, et qui pourraient donc aussi concerner les femmes à l’avenir: la taxe militaire. Autrement, le gouvernement imagine des avantages pour ceux qui servent, «des indemnités financières ou des crédits de formation» par exemple.
Pas tant que l’égalité n’est pas réalisée partout
Le Département de la défense a mené des auditions et sondages pour tester ses différentes options. Étendre l’obligation de servir aux femmes laisse sceptique, sans être formellement rejeté sur le principe. «Le principe d’obligations égales pour hommes et femmes a été salué mais l’opportunité d’imposer de nouvelles obligations aux femmes avant que l’égalité soit mieux appliquée dans d’autres domaines de la vie, a soulevé des doutes. L’idée que les femmes qui ne sont pas recrutées doivent payer la taxe d’exemption a été clairement rejetée», dit le rapport.
Armée d’abord, catastrophes ensuite
L’autre option retenue consiste en «une fusion de la protection civile actuelle et du service civil en une nouvelle organisation» qui serait nommée «protection contre les catastrophes». «L’armée se voit attribuer autant de personnes que nécessaire pour atteindre son effectif réel. Les personnes restantes sont incorporées dans la nouvelle protection contre les catastrophes», précise le rapport. Dans cette option, les femmes pourraient être recrutées sur une base volontaire, comme aujourd’hui.