Procès du 13-Novembre: La défense de Muhammad Usman démonte la thèse du «4e commando»

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Procès du 13-NovembreLa défense de Muhammad Usman démonte la thèse du «4e commando»

L’avocat du Pakistanais a argumenté que les cibles des attentats n’avaient été définies que le 7 novembre, alors l’accusé se trouvait à des milliers de kilomètres de Paris. 

Le verdict est attendu le 29 juin.

Le verdict est attendu le 29 juin.

AFP

Le Pakistanais Muhammad Usman, l’un des «opérationnels contrariés» des attentats du 13 novembre 2015, aurait-il dû faire partie d’un quatrième commando en plus de ceux du Bataclan, des terrasses et du Stade de France ? Cette thèse de l’accusation a été battue en brèche par la défense mercredi au procès.

«Voiture-balai de la poursuite pénale»

Muhammad Usman et l’Algérien Adel Haddadi qui, partis de Syrie en octobre 2015, n’ont pu rejoindre à temps l’Europe pour participer aux attentats, «auraient dû faire partie des commandos du 13-Novembre. C’était là leur mission, ils l’avaient acceptée», avait affirmé la semaine dernière l’avocate générale Camille Hennetier en réclamant une peine de 20 ans de réclusion, le maximum prévu par la loi, contre ces deux accusés.

«Il «aurait dû», «il aurait pu»... Le conditionnel est d’usage. L’association de malfaiteurs terroriste, c’est la voiture-balai de la poursuite pénale, c’est un peu la grande faucheuse de notre système répressif», a plaidé Me Edward Huylebrouck, un des conseils de l’accusé pakistanais.

Certes, a admis l’avocat, Muhammad Usman, 29 ans, a bien «rejoint la Syrie» et les rangs de l’organisation Etat islamique (EI) à l’été 2015 après quelques années d’étude dans une école coranique, mais, a-t-il insisté, «au moment où la date du 13-Novembre est retenue, où le Stade de France est choisi comme cible, Muhammad Usman est en pleine mer Egée et il n’y a aucune chance qu’il soit à Paris le 13-Novembre».

Le soir du 13 novembre, il est vraisemblablement en Slovénie à 1220 km de Paris

«Il faut se rendre à l’évidence: il ne faisait pas partie de l’équation de cette attaque terroriste», a affirmé Me Huylebrouck.

Pourtant, depuis son interpellation dans un camp de migrants en Autriche en décembre 2015, en même temps qu’Adel Haddadi, «on n’a cessé de titrer qu’Usman et Haddadi c’était le commando manquant», a déploré l’avocat en dénonçant «le mythe du quatrième commando».

L’avocat a rappelé que les cibles du 13-Novembre n’avaient été définies que le 7 novembre. Or, dit-il, Muhammad Usman arrive «à peine» à Athènes le 8 novembre. «Le soir du 13 novembre, il est vraisemblablement en Slovénie à 1220 km de Paris», reprend l’avocat. En fait, insiste-t-il, «c’est le signe que cette histoire peut se raconter sans référence à Muhammad Usman».

«Si on avait besoin de Muhammad Usman, si Muhammad Usman avait été tant attendu, on serait allé le chercher (...) C’était matériellement possible d’aller chercher Usman et Haddadi en Grèce», lance l’avocat.

«La septième compagnie» 

Les deux hommes sont arrivés sur l’île de Léros le 3 octobre 2015 en même temps que les deux Irakiens qui se feront exploser au Stade de France. Interpellés par les autorités grecques qui ont détecté leurs faux passeports, Muhammad Usman et Adel Haddadi sont arrêtés et emprisonnés sur l’île de Kos d’où ils seront libérés le 28 octobre.

L’enquête a démontré que Salah Abdeslam a effectué plusieurs allers-retours en Hongrie et en Allemagne avant les attentats afin de convoyer une dizaine de jihadistes venus de Syrie par la route des migrants jusqu’à Bruxelles. Usman et Haddadi ne faisaient pas partie des personnes à récupérer en priorité, suggère l’avocat.

«Muhammad Usman n’a pas sa place dans le box», a estimé l’avocat en arguant que «rien ne montre un engagement idéologique irréversible».

«Quand on voit le temps mis par Muhammad Usman et Adel Haddadi pour rejoindre l’Autriche depuis la Grèce – 17 jours – on ne peut pas dire qu’ils étaient pressés. C’est un rythme d’escargot», dit-il en parlant d’un «duo d’errance qui tâtonne, qui gamberge, sans montrer la moindre hâte».

«On a davantage vu «la septième compagnie» qu’un groupe mu par un instinct criminel», ose-t-il (en référence à un film comique français centré sur des soldats pas pressés de rejoindre la ligne de front en 1940).

Le verdict est attendu le 29 juin.

(AFP)

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