CommentaireAG gratuit pour les réfugiés ukrainiens: une grosse erreur de communication
L’offre d’un «abonnement général» pour les réfugiés de guerre ukrainiens soulève la question d’une discrimination avec les ressortissants d’autres pays et également avec les Suisses. Il aurait fallu, sans doute, la formuler différemment.


Des réfugiés en Roumanie le 19 mars dernier. Pour la très grande majorité des femmes et des enfants.
AFPLes réfugiés d’Ukraine avec un statut S se voient offrir la gratuité des transports publics, l’équivalent d’un abonnement général de 2e classe, a annoncé lundi Alliance SwissPass. Les autres réfugiés n’ont pas cette chance, même si, de cas en cas, on leur offre des tickets de train pour se déplacer. Que les réfugiés d’Ukraine puissent voyager gratuitement est une bonne chose, car de toute façon ils n’ont guère de moyens. Mais la référence à l’abonnement général de 2e classe, qui coûte tout de même 4000 francs, passe également mal auprès d’une certaine population suisse.
Premièrement, il est dommage de créer une discrimination avec les ressortissants d’autres pays qui n’ont pas davantage de moyens. En cette semaine, où de nombreux cantons organisent leur Semaine contre le racisme, la question mérite le détour. Cette situation est en contradiction avec une certaine idée que l’on se fait de l’égalité de traitement en Suisse. Un tribunal pourrait trancher cette question, au cas où une organisation lancerait une procédure.
Un «cadeau de luxe»?
Deuxièmement, cela crée du ressentiment dans la population suisse qui ne peut pas se permettre d’avoir un abonnement général. Dans les commentaires qui ont suivi cette annonce, les remarques sont acerbes, comme celle-ci qui parle d’un «cadeau de luxe fait aux migrants». N’aurait-il pas fallu formuler les choses différemment? Dire simplement que les réfugiés d’Ukraine pouvaient voyager librement en Suisse avec leur statut S, sans faire allusion à un prétendu abonnement général?
Ce n’est peut-être pas trop tard pour corriger le tir. Du moins, faut-il veiller à l’avenir à ne pas donner du grain à moudre à ceux qui brandissent aussitôt le slogan «les nôtres avant les autres, on ne fait rien pour nos retraités, on ne fait rien pour nos étudiants», etc.
Cela dit, les Ukrainiens ne sont pas des «migrants», mais des réfugiés de guerre à qui ils ne restent pas grand-chose pour vivre. Précisons aussi que l’Ukraine est un pays relativement pauvre. Selon les chiffres 2020 de la Banque mondiale, son PIB par habitant est de 3725 dollars, alors que celui de la Suisse est de 87 000 dollars. Par conséquent, on ne leur fait pas de cadeaux: on les aide.