FootballYverdon avait parfaitement emballé sa surprise
Au jeu de l'intox entre Yverdonnois et Zurichois, les premiers ont fini par avoir le dernier mot. Avec une qualification pour les quarts de la Coupe en poche. Et un héros nommé Steve Beleck en mémoire.

2 buts et 2 tirs au but réussis: Steve Beleck a frappé fort mardi soir contre Zurich.
FreshfocusDe la panique? Un simple rappel élémentaire du plan de jeu adverse? Uli Forte a semblé pris de court lorsque les joueurs du FC Zurich ont commencé à s'aligner sur le terrain du Stade Municipal. «Quatre», ont montré les doigts de l'entraîneur d'Yverdon Sport, tendus au-dessus de sa tête. S'ils avaient pu hurler ce «quatre», c'est exactement ce qu'ils auraient fait. YS s'était préparé à affronter une équipe à trois défenseurs et comment l'en blâmer? Zurich n'avait jamais rien fait d'autre depuis le début de la saison. Mais voilà, ils étaient bien quatre sur la ligne arrière mardi soir. Un coup finement orchestré par André Breitenreiter, le technicien allemand de ce FCZ. Et ça, Uli Forte ne l'avait pas vu venir.
Sauf qu'Uli Forte, justement, n'était pas arrivé les mains vides à ce choc face au solide 3e de Super League. Il venait de se faire surprendre? Sa surprise à lui n'allait pas tarder à faire son effet.
À vrai dire, les Zurichois l'ont découverte une heure avant le coup d'envoi, lorsque les compositions ont été révélées. Ils ont eu beau découper des yeux la feuille de match en long, en large et en travers, aucune trace de Koro Kone, buteur retrouvé et à succès depuis cet été et son arrivée dans le Nord vaudois. La veille, le site du club prévenait pourtant encore qu'il faudrait se méfier de l'attaquant ivoirien et de sa forme étincelante. Pas la peine, son nom se trouvant dans la liste des absents.
La réalité, c'est que Koro Kone s'est blessé lors d'un match interne d'entraînement vendredi dernier, et que le club a tout fait pour cacher cette blessure au monde extérieur jusqu'à l'ultime seconde. Histoire d'induire en erreur le FC Zurich, donc. «Je n'ai pas vu un seul mot dans la presse, nulle part. Je crois qu'on a bien fait notre travail», a souri durant le match Loris Tschanz, responsable de la communication du club.
Un quadruplé inofficiel
Du coup, plutôt que d'avoir à faire à un attaquant qu'ils connaissent sur le bout des doigts, les Zurichois ont découvert son remplaçant, l'atypique Steve Beleck, illustre inconnu en Suisse (jusqu'à mardi 23h...). Déjà, le Camerounais impressionne physiquement, autant à l’œil que lorsqu'il se rend au duel. Voilà pourquoi Uli Forte n'hésite pas à lui coller autour deux ailiers plus virevoltants. Et puis, il possède des qualités complètement bluffantes devant le but, ce que tout le monde a pu découvrir.
Parce qu'emballée dans un magnifique papier cadeau, la surprise Steve Beleck a fini par surgir. Une fois, deux fois... quatre fois. Les deux premières dans le jeu (les buts du 1-0 et du 2-1), en face à face, toujours parfaitement lancé dans la profondeur (magnifiques ouvertures de Shkelqim Vladi et de Marculino Ninte). Les deux dernières lors de cette séance de tirs au but à couper le souffle, bouclée au 26e penalty! C'est d'ailleurs lui qui s'est élancé en premier pour les Verts, avant de devoir recommencer le boulot vingt penalties plus tard, lorsque tout le reste de l'équipe avait tenté sa chance (même le gardien Mirko Salvi, parfait au moment de tromper sur homologue Zivko Kostadinovic). Un sang froid extraordinaire pour un quadruplé inofficiel.
Le tour avait parfaitement fonctionné, YS venait de prendre la route des quarts de finale de la Coupe de Suisse, son buteur du soir et son entraîneur étaient aux anges. «Ça fait partie du jeu», a glissé Uli Forte dans un immense sourire, pas peur fier de son coup. Ou, disons, de ses coups.
L’affirmation de Malula
Parce que l'homme fort d'Yverdon s'est aussi dit qu'une rencontre face au grand Zurich constituerait l'occasion parfaite de lancer dans le grand bain Breston Malula. Le gamin a 20 ans, il a débuté la saison en 2e ligue inter avec la réserve et s'est retrouvé à devoir contenir Assan Ceesay, Rodrigo Pollero et Wilfried Gnonto deux heures durant avec seulement 23 minutes de Challenge League dans les jambes. Un cauchemar? Tout le contraire, en fait. Le défenseur a frôlé le récital, sûr comme un taulier, valeureux comme un capitaine. Ah, et lui non plus n'aurait pas dû être là mardi.
«Je l'ai pris récemment dans le groupe pour une seule raison: faire le nombre, s'est expliqué Uli Forte. J'avais besoin d'un défenseur. On m'a dit: «Prends Breston, il ne fait rien, il est à la maison». Parfait. Je n'ai jamais eu peur de lancer des jeunes dans ma carrière. Aujourd'hui, il a son nom et son numéro derrière un maillot et il a rejoint la liste de mes défenseurs qui peuvent débuter un match de Challenge League.»
Peut-être même le prochain contre Thoune, samedi. Il faudra avoir fini de célébrer et, surtout, récupéré des jambes. D'ailleurs, Yverdon Sport a réalisé une telle performance mardi soir que son entraîneur s'est même retrouvé contrarié de devoir passer par des prolongations pour valider ce succès. Un moindre mal. La victoire n'en a été que plus mémorable.