Cérémonie«Nous aimons Belmondo, parce qu’il nous ressemblait»
Jeudi, un hommage national à l’acteur français Jean-Paul Belmondo, décédé à l’âge de 88 ans, a été rendu aux Invalides, à Paris.
Il restera à jamais «L’As des as». L’hommage national à Jean-Paul Belmondo, monstre sacré du cinéma décédé lundi à l’âge de 88 ans, s’est déroulé jeudi dans la cour des Invalides, avec l’arrivée de la Garde républicaine. Le chef de l’État Emmanuel Macron a prononcé un éloge funèbre. La cérémonie s’est achevée vers 17h30 avec la sortie du cercueil au son de «Chi Mai» d’Ennio Morricone, bande originale du film «Le Professionnel», jouée par l’orchestre de la Garde républicaine.
«Nous aimons Belmondo, parce qu’il nous ressemblait», a déclaré jeudi Emmanuel Macron en prononçant l’éloge funèbre de l’acteur. Jean-Paul Belmondo «épousa la France», a-t-il résumé. «Cher Jean-Paul, vous perdre, c’est perdre une part de nos vies». «Adieu Bébel», a conclu le chef de l’Etat devant le cercueil du défunt.
Solennelle et populaire
La cérémonie fut à la fois solennelle et populaire. Soit un mélange de Marseillaise jouée par la garde Républicaine, revue des troupes par Emmanuel Macron et fans émus, comme cet homme en blouson de cuir sans manche tenant une affiche de «L’As des As».
«Il n’a cessé de chercher le bonheur, mais aussi de le donner»: tels furent les mots de Victor Belmondo, petit-fils de l’acteur, comédien lui-même, qui a pris la parole, accompagné des autres petits-enfants de l’acteur et de sa petite dernière, Stella.
«Il est unique»
Cette cérémonie avait réuni de nombreuses stars, telles Patrick Bruel, Gilles Lellouche, le couple Guillaume Canet et Marion Cotillard, le DJ Bob Sinclar, dont le nom de scène s’inspire d’un personnage de «Bébel», Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, ou encore Cyril Hanouna.
«Saint-Augustin disait, les morts sont des invisibles, pas des absents. Pour moi Jean-Paul, il n’est pas absent. Jean-Paul, c’est comme Johnny il est là. Il n’aurait pas voulu qu’on fasse la gueule. Il est immortel, Jean-Paul, il partira jamais», a déclaré Michel Drucker, au micro de BFMTV.
«Belmondo transpirait boxe, (…) il aimait les boxeurs», a glissé Brahim Asloum, champion du noble art. «Il est unique, personne ne remplacera Jean-Paul Belmondo. Comme acteur, on a tous Jean-Paul Belmondo en nous», a déclaré Jean Dujardin, pour qui l’acteur était un «modèle».
Les premiers fans étaient eux venus très tôt, comme Brigitte Ratou, retraitée de 66 ans, K-way et baskets aux pieds, originaire du Mans. «Je suis arrivée à 7 heures. C’est important pour moi d’être là, c’est comme dire au revoir à un vieux compagnon, quelqu’un qui était là dès mon adolescence», raconte-t-elle à l’AFP. Gérard (qui ne donne ni nom, ni âge), T-shirt à l’effigie du Bébel de «Pierrot le fou», dit être là depuis 9 heures. Il n’aurait «manqué ça pour rien au monde».
Le public entre à 19h30
Dans la cour des Invalides, outre la famille et les personnalités, près de 1000 personnes du public pouvaient assister à l’hommage, munies de leur pass sanitaire. Pour ceux qui ne pouvaient pas entrer, des écrans géants étaient installés sur l’esplanade. Et les Français pouvaient suivre les éditions spéciales sur les chaînes de télévision. En Belgique, la chaîne RTBF a aussi retransmis en direct la cérémonie d’hommage.
Les portes des Invalides s’ouvriront ensuite à tous ceux qui veulent se recueillir à partir de 19h30 devant le cercueil (arrivé sur les lieux à la mi-journée au sein d’un convoi). Un dispositif exceptionnel qui avait déjà été mis en œuvre après le décès de Jacques Chirac en 2019, permettant à des milliers de personnes de dire adieu à l’ancien Président.
Vendredi matin, les obsèques de Jean-Paul Belmondo se dérouleront en l’église Saint-Germain-des-Prés dans l’intimité de la famille. L’acteur laisse derrière lui un clan resté proche jusqu’à la fin. Il a eu quatre enfants de deux unions: Patricia (décédée en 1993), Florence (61 ans), Paul (58 ans) et la petite dernière, Stella (18 ans).
«Trésor national»
Figure de proue de la Nouvelle Vague («À bout de souffle» notamment), avant de devenir champion du box-office dans des comédies et des films d’action (comme «L’As des As»), il a enchanté des générations de Français au fil de quelque 80 films, cinéphiles pointus ou amateurs de cascades spectaculaires. «Un trésor national», a loué le chef de l’État en début de semaine. «Il était celui qui remportait haut la main la palme du public».
L’acteur avait disparu du grand écran depuis près de 15 ans, après un AVC aux lourdes séquelles. Mais il était toujours aussi populaire auprès du public grâce à la rediffusion de ses films et à la presse people qui donnait régulièrement de ses nouvelles.
En levant les yeux au ciel, les badauds verront peut-être la Patrouille de France survoler Paris à 19 heures, mais ce n’est pas en hommage à Bébel. C’est un vol au-dessus de l’institut Gustave Roussy à Villejuif, en soutien à la recherche contre les cancers infantiles.