Rapt – Le père de Camille: «La juge va tout faire pour nous réunir»

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RaptLe père de Camille: «La juge va tout faire pour nous réunir»

Papa de la fillette enlevée par sa mère en France en 2011 et retrouvée à Morges fin février, Alain Chauvet nous confie son ressenti après sa rencontre avec la Juge de paix vaudoise.

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri
Alain Chauvet ici devant la Justice de paix du district de Morges attend avec impatience le verdict de l’audience qui s’est tenue vendredi 18 mars. Va-t-il pouvoir ramener en France Camille, enlevée par sa mère à l’âge de 5 ans?

Alain Chauvet ici devant la Justice de paix du district de Morges attend avec impatience le verdict de l’audience qui s’est tenue vendredi 18 mars. Va-t-il pouvoir ramener en France Camille, enlevée par sa mère à l’âge de 5 ans?

Lematin.ch/Evelyne Emeri – DR

«Je suis épuisé». Happé de toutes parts, le père de famille de 74 ans (ndlr. il a trois autres enfants adultes) parle cash. Tellement d’émotions entremêlées, le choc et le bonheur incommensurable d’apprendre que sa petite Camille est bien vivante. Alain Chauvet est un homme heureux, mais épuisé, il ne s’en cache pas. Lui qui lutte depuis plus de 11 ans et qui pensait ne jamais revoir sa fille devenue une adolescente de 16 ans. Vendredi matin 18 mars, bien à l’avance, il était devant les locaux de la Justice de paix du district de Morges. Il était convoqué tout comme la maman (47 ans), incarcérée à Lonay non loin de là pour avoir enlevé leur fille à l’âge de 5 ans dans le Var (F) et vécu dans la clandestinité depuis toutes ces années.

Un fol espoir

Rentré à son domicile en région parisienne, il nous raconte plus posément ce qui s’est joué vendredi 18 mars devant l’autorité de jugement civile, à Morges. Une longue audience, de 09h30 à 12h15, qui lui a redonné un fol espoir: «La juge, je l’ai trouvée très impliquée, très intéressée et très pédagogue. Avec cette situation d’enlèvement, il est difficile de ne pas être du côté du père. La chose positive, c’est qu’elle a l’intention de tout faire pour que Camille se rapproche de moi et inversement. Elle va tout faire pour nous réunir. Elle a généré une réelle volonté positive et très honorable. Et, où il y a une volonté, il y a un chemin»

«L’attente, ça rajoute du supplice au supplice»

Alain Chauvet, père de Camille

Quand est-ce que la décision de la Justice de paix - le retour ou pas de l’adolescente chez son père en France - sera notifiée aux parties? «Il n’y a pas de date précise, poursuit Alain Chauvet, Je n’en veux pas à la Suisse. Mais, l’attente, ça rajoute du supplice au supplice. Je veux juste retrouver ma fille le plus vite possible.» Camille est placée dans un foyer tenu secret. La justice et les différents intervenants sociaux doivent veiller à une priorité absolue: l’intérêt de la jeune Française. «Je ne sais absolument rien, ni où elle se trouve, je n’ai même pas vu une photo d’elle, impossible de lui parler au téléphone, on m’interdit tout. C’est le flou total. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est bonne santé et qu’elle travaille bien à l’école, ce qui est capital pour moi, cela me rassure considérablement. Et, en plus, on me dit qu’elle est jolie, c’est parfait.»

«Nous l’avons mise à l’abri» 

Contacté, l’État de Vaud adopte la prudence de rigueur en pareilles circonstances: protéger Camille à tout prix de toute nouvelle agression extérieure. «La Direction générale de l’enfance et de la jeunesse (DGEJ) n’a été informée de l’existence de cette jeune fille par la police qu’à la suite de l’arrestation de sa mère», atteste le responsable de la communication du département, Julien Schekter. Et d’ajouter: «La DGEJ a été sollicitée pour mettre cette jeune fille à l’abri, ce que nous avons fait. Par respect pour ce qu’elle vit, aucune information ne peut être communiquée».

«Très belle histoire d’amour»

«La prochaine étape, c’est de (se) reconstruire avec Camille. Tout ce qui m’intéresse c’est ma fille. Sa mère, ça ne me regarde pas. À la justice de faire son travail et de la renvoyer en France pour y purger ses 6 ans de prison (ndlr. elle a été condamnée pour non-représentation de mineure, dénonciation calomnieuse et soustraction d’enfant).» Alain Chauvet, commandant de bord à la retraite, détaille «ne pas l’avoir reconnue en audience tellement elle a changé. C’était une belle femme, ingénieure en aéronautique. Nous avons vécu une très belle histoire d’amour qui s’est mal terminée». Les ex-époux s’étaient rencontrés dans le monde de l’aviation. «C’est une de mes anciennes élèves pilote d’avion de tourisme à laquelle j’ai donné des cours en vol (ndlr. perfectionnement)

«Au fond d’elle, elle sait qu’elle a un papa»

Alain Chauvet, père de Camille

Le septuagénaire pense et rêve déjà à sa première rencontre avec sa fille: «Il faudra être très doux, très calme, faire preuve de souplesse. Je ne veux pas rater mes retrouvailles avec Camille ni le futur qui nous attend. Je sais qu’elle ne souhaite pas me voir. Elle souffre d’une aliénation parentale massive. C’est une réaction tout à fait normale. J’aurais bien sûr préféré le contraire. Ma fille écoute sa mère. Mais au fond d’elle, elle sait qu’elle a un papa. On va trouver la solution, je suis confiant».

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