Autoroute bloquée: menace de paralysie sur les institutions

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CommentaireAutoroute bloquée: menace de paralysie sur les institutions

Après la pandémie de Covid-19, le dossier climatique revient en force à Berne et les nouvelles sont toujours aussi mauvaises.

Eric Felley
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Eric Felley
La manifestation de lundi sur l’autoroute A1 à Lausanne.

La manifestation de lundi sur l’autoroute A1 à Lausanne.

AFP

Lundi, six activistes du climat se sont assis sur l’autoroute A1 avant la sortie de la Maladière au sud de Lausanne. Leur blocage de la circulation à une heure de pointe a connu une importante médiatisation. Il s’agit d’une nouvelle action internationale pour dénoncer le réchauffement climatique et le manque de réactions des politiques. Implanté dans divers pays, le mouvement helvétique a pris le nom de «Renovate Switzerland». Son originalité est de demander au Conseil fédéral «d’isoler un million de maisons d’ici à 2040».

Après la Grève du Climat et Extinction Rebellion, voilà une nouvelle entité qui se réclame de la désobéissance civile, ce qui a le don d’énerver une majorité de politiciens à Berne. De toute évidence, le Conseil fédéral n’a pas la compétence pour lancer une telle opération. Cette exigence rappelle la grève de la faim de Guillermo Fernandez, qui demandait à Simonetta Sommaruga d’organiser une journée d’information pour les parlementaires avec des scientifiques du GIEC. C’est le Parlement qui a finalement organisé une séance le 2 mai prochain et permis au militant d’arrêter sa grève après 39 jours.

Objectifs pas atteints

Hasard du calendrier, l’Office fédéral de l’environnement a annoncé lundi que la Suisse avait manqué de peu les objectifs de réductions de gaz à effets de serre qu’elle s’était fixés pour 2020. Au lieu des 20% prévus, elle a atteint 19%. Seule l’industrie a réussi cette étape de la transition, tandis que les bâtiments, les transports et autres activités n’y sont pas parvenus.

Pour booster la rénovation des bâtiments, qui est une bonne idée en soi, l’impulsion doit venir du Parlement et des partis. Mais il est difficile de trouver ici une majorité pour des actions étatiques de grande envergure. Lors du débat sur l’initiative pour les glaciers lors de la session de printemps, Roger Nordmann (PS/VD) avait proposé un programme extraordinaire d’aide au remplacement des chauffages à gaz, à mazout et électriques directs. Il proposait une subvention de 12 000 francs par remplacement pendant 7 ans. Mais la proposition a été refusée.

Il ne reste que trois ans

Après le blocage de lundi, et les nuisances causées aux pendulaires qui partaient travailler, il était intéressant d’entendre la justification d’une militante de Renovate Switzerland lundi à «Forum» sur la RTS. Le dérangement pour les pendulaires lausannois n’est finalement qu’une moindre nuisance par rapport à la menace. Poussée dans les cordes par le journaliste, elle a répondu à chaque fois que, selon le dernier rapport du GIEC, il ne reste que trois ans à l’humanité pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre. Après c’est foutu.

Insouciante et dangereuse

Eh bien trois ans, c’est vite passé. Tout porte à croire que rien n’aura fondamentalement changé d’ici là. Il y aura toujours autant de SUV et de camions sur les routes, des porte-conteneurs sur les mers et d’avions dans le ciel. Pendant ce temps, pour le citoyen, c’est un moment étrange, voire schizophrénique. D’un côté, on entend une communauté scientifique qui annonce régulièrement une apocalypse climatique si l’on ne fait pas ce qu’il faut. De l’autre, on continue de vivre dans une société de consommation insouciante, mais dangereuse, sur laquelle nous n’avons aucune prise.

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