Les Diablerets (VD)L’alarme incendie de Glacier 3000 était-elle suffisante?
Le système de détection n’était pas relié à une centrale externe. Les experts de l’ECA s’expliquent.


Dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 septembre, la partie supérieure de la station d’arrivée du téléphérique de Glacier 3000 s’est embrasée, causant des dégâts irréversibles.
Police cantonale vaudoiseL’incendie qui a complètement détruit le self-service et le restaurant au-dessus de la station d’arrivée du téléphérique de Glacier 3000 dans la nuit du 18 au 19 septembre ne serait pas d’origine criminelle. Il s’agirait d’un ou de problème(s) technique(s) qui aurai(en)t enflammé cet édifice symbolique, surplombant la station des Diablerets (VD) depuis novembre 1999 (ndlr. entrée en fonction du nouveau téléphérique/le restaurant Botta dès 2001). La police cantonale vaudoise l’a affirmé à l’agence de presse Keystone/ATS sans entrer dans les détails. Un foyer, deux foyers, trois foyers? Pourquoi, comment? Les experts et le ministère public communiqueront une fois leurs analyses complètes terminées.
«Les travaux avancent»
Du côté de Glacier 3000, son directeur Bernhard Tschannen se veut confiant: «Les travaux avancent comme planifiés. Nous préparons actuellement la phase 3, la reconstruction et la réouverture du nouveau restaurant pour l’été 2023. Et nous confirmons l’ouverture de la saison le samedi 12 novembre». Une semaine après le ravage des flammes, le patron expliquait que le restaurant Botta au 4e étage ainsi que le self-service au 3e avaient subi des dommages irréparables, mais que la structure du bâtiment était stable et les fondations épargnées: «Nous pouvons affirmer que le téléphérique est intact. Des spécialistes de la construction de transports par câbles ont procédé à une analyse complète. Ils certifient que l’installation est opérationnelle à 100%».

Au lendemain du sinistre, voici ce qu’il reste du self-service (photo). Idem pour le restaurant Botta juste au-dessus. Les dommages sont irréparables.
DRQuid du système de détection?
Contacté par lematin.ch, l’ECA - Établissement d’assurance contre l’incendie et les éléments naturels - a accepté de répondre à nos interrogations s’agissant du système de détection. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ce dernier consistait en une alarme exclusivement locale qui permet d’évacuer, si les lieux sont occupés. «Oui en effet, l’installation de détection incendie était dimensionnée pour donner une alarme interne», confirme Anne Gillardin Graf, directrice de la division prévention de l’ECA-Vaud. Pas de sprinklers non plus au plafond, ces extincteurs automatiques qui assurent la diffusion d’eau sur la surface en feu. «Effectivement, il n’y en avait pas. Ce genre d’installation est notamment conçue pour contenir un départ d’incendie avant l’arrivée des sapeurs-pompiers, mais n’était pas exigible au regard des bases légales en vigueur.»
L’heure du départ du feu
Selon nos informations, le processeur de ladite alarme interne était situé dans un local entre la station d’arrivée du téléphérique (niveau inférieur) et sous le self (niveau supérieur). Il n’aurait pas été endommagé et aurait livré ses secrets. En particulier, l’heure réelle du début du sinistre qui a démarré bien avant l’alerte aux pompiers, intervenue vers 04h45, le lundi 19. Les webcams attestent que le feu bouronnait déjà beaucoup plus tôt. Quant à savoir si l’alarme s’est déclenchée, ce n’est pas tant le propos - le bâtiment était heureusement vide -, il semblerait «qu’elle était particulièrement sensible», ironise un collaborateur de Glacier 3000. L’édifice était aux normes en vigueur à l’époque. Soit «les prescriptions AEAI (Association des établissements cantonaux d’assurance incendie), version 1993», nous précise Mme Gillardin Graf.
Alarme inutile?
En clair, les exigences du passé n’exigeaient pas d’alarme externe, reliée à une centrale (118, poste de police, autres). Étaient-elles pour autant suffisantes au vu de la typologie et de la difficulté d’accès à 3000m? «Oui, cette situation avait été admise en concertation avec les différentes parties concernées et en cohérence avec les bases légales en vigueur», ajoute l’experte en prévention de l’ECA. Est-ce à dire que lors de la réfection de la partie supérieure détruite, le système d’alarme va être modifié, sachant que les normes de 1993 ont évolué? «Le nouveau concept de protection incendie devra être proposé aux autorités suite aux réflexions menées en concertation avec le maître d’ouvrage et ses mandataires spécialisés», conclut-elle.
Mobilisation plus rapide
Reste une question centrale: peut-on raisonnablement penser que tous les services d’intervention auraient pu réagir beaucoup plus vite si un système de détection externe avait été installé et éviter que le 3e et 4e étages ne flambent intégralement? À cette dernière interrogation, c’est l’inspecteur cantonal ECA, François Iff, qui nous répond: «On aurait pu mobiliser les moyens plus rapidement. Mais la typologie des lieux n’aurait certainement pas permis aux sapeurs-pompiers d’intervenir de nuit de manière efficace et rapide (comme avec des hélicoptères par exemple, seuls certains hélicoptères étant habilités à voler de nuit)».